Difficile de ne pas rapprocher cette biographie de Louis Pasteur de celle d'Emile Zola, que le réalisateur William Dieterle mettra en scène l'année suivante. Même interprète, même époque et même pays; l'esprit du film et sa construction dramatique sont de surcroît identiques.
Comme il fera pour Zola, Dieterle commence par confronter le génie novateur et clairvoyant de Pasteur au scepticisme et à l'hostilité. A tel point que l'Académie des Sciences qui rejette ses thèses sur la microbiologie fait figure de ramassis de vieux croutons aussi bêtes qu'obtus. Pourquoi pas. Finalement, pas gênés, ces derniers rendront un hommage appuyé au grand homme.
Comme pour Zola, Dieterle exalte la droiture et l'altruisme de Pasteur, son abnégation alors qu'il est seul contre tous. Mais cet édifiant portrait, où l'on s'attend à tout moment que Pasteur soit canonisé par le cinéaste, frise constamment le grotesque. Dieterle vulgarise et encense l'oeuvre de Pasteur avec des images si maladroites et emphatiques que l'homme en devient quasiment abstrait ! Quel crédit doit-on porter à ce portrait sans nuances, à ce résumé simpliste d'une vie et d'une tâche? A l'instar de tous les acteurs du film, Paul Muni joue grossièrement un personnage univoque, désincarné par le schématisme dramatique du réalisateur, dans un contexte historique et social simplifié à l'extrême.