L'accroche située sur l'affiche résume tout le problème du film : "Une fable de Roberto Benigni". Le but du réalisateur est donc de nous raconter de manière belle et enchanteresse une histoire dramatique, la déportation d'une famille juive italienne. L'idée est intéressante mais le produit final, bien que faisant preuve de qualités, est inégal.

Le film est scindé en deux partie distinctes. La première narre la rencontre entre un homme profondément optimiste, Guido, et une institutrice déjà fiancée à un sympathisant nazi, Dora. La seconde partie suit ce couple et leur enfant quelques années plus tard, lorsqu'ils sont envoyés dans un camp en Allemagne. Pour protéger son enfant, Guido va lui faire croire que tout ceci n'est qu'un immense jeu auquel ils participent pour gagner le gros lot. L'idée est extrêmement belle car elle sous-entant un amour paternel très fort mais ne fonctionne au final qu'à moitié.

Le côté conte de fées de la romance Guido/Dora permet à Benigni de mettre toute la fantaisie qu'il veut dans l'évolution de cette relation (le coup du cheval, de la clé). Après tout, le sentiment de bien-être lorsqu'on est amoureux couplé avec l'optimisme naturel du personnage rendent tout cela cohérent et on a envie d'y croire. Il faut quand même passer outre l'aspect guimauve assumé et le jeu de l'acteur principal, qui fait cinquante mimiques à la seconde et qui débite son texte à une vitesse folle.

Une fois dans les camps de concentration cela ne passe plus. On veut faire rêver le spectateur comme Guido fait rêver son fils Josué avec ses mensonges, mais parallèlement à cela on est confronté directement à l'horreur des camps (travail forcé, femmes tondues, cadavres empilés (d'ailleurs ce matte painting est hideux)). Face à la dure réalité on n'arrive plus à croire au monde de Guido dans lequel Josué peut se fondre parmi des enfants allemands et parler dans un micro alors qu'il est censé se cacher. Il aurait fallu adopter le point de vue de l'enfant pour que tout cela fonctionne mieux. Modifier un peu les dialogues aurait été également une bonne chose : Josué finit par agacer à force de reprendre les "Buongiorno principessa !" de son père, en plus de ne pas être un acteur très convainquant.

Après, La Vie est Belle possède son lot de scènes poignantes (la discussion entre Guido et le médecin par exemple) et ne tombe ni dans le misérabilisme ni dans le tire larmes éhonté. Le film part avec de bonnes idées mais s'égare un peu en route.
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le 18 févr. 2015

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