A la recherche d’un bonheur perdu, tous les personnages de La vie est un roman le sont. C’est un film d’utopie et d’utopistes, qui a d’ailleurs pour théâtre un manoir fantasmagorique, à l’architecture « de pâtisserie », un peu comme le parc Guell de Gaudi à Barcelone. Deux évènements ont lieu à 50 ans de distance : d’un côté, le comte Forbek propose à ses invités une expérience qui doit les conduire à un état de bonheur permanent. De l’autre, 50 ans plus tard, un colloque de chercheurs se réunit pour préciser les méthodes et les moyens d'une éducation de l'imagination. Dans les deux cas, on cherche la source du bonheur dans l’enfance.
Ce retour à l’état virginal de l’homme se fait dans un cas à travers la drogue, et donc l’expérience, dans l’autre, à travers la connaissance, la discussion, le débat. Et puis, il y a les enfants eux-mêmes, sortes de passants éternels, plongés dans leurs jeux, dans ce monde imaginaire matérialisé dans le film par un décor moyennageux, volontairement kitsch. On passe d’une histoire à l’autre, avec l’impression qu’Alain Resnais garde toute sa bienveillance pour celle des enfants, finalement les seuls à être véritablement capable de trouver l’harmonie ; l’harmonie perdue des hommes au cours d’un XXe siècle qui les aura vu sombrer dans les pires cauchemars. Les personnages sont tous gentiment moqués, sauf peut-être celui joué par Pierre Arditi (Robert), grand enfant, dont la seule méthode consiste à rire de tout