Si vous êtes amateur d'études sociologiques sur l'univers carcérale et ses inhérentes frustrations et comportements sexuels le titre du film de Rino Di Silvestro devrait susciter immédiatement chez vous une saine et légitime curiosité intellectuel. Datant de 1973, Diario Segreto da un Carcere Femminile est surtout un film s'inscrivant dans cette vague du cinéma d'exploitation de tendance plutôt érotique appelée WIP pour Women In Prisons. La Vie Sexuelle dans une Prison de Femmes est aussi le tout premier film du réalisateur italien Rino Di Silvestro dont toute la future et sulfureuse filmographie restera très portée sur la chose avec des films comme Dossier Rose de la Prostitution, À Seize Ans dans l'Enfer d'Amsterdam, Les Déportées de la Section Spéciale SS et son œuvre peut être la plus connue La Louve Sanguinaire.


La Vie Sexuelle dans une Prison de Femmes nous plonge donc dans l'enfer (ou la paradis des érotomanes) d'une prison italienne dans laquelle une jeune femme vient tout juste de se faire enfermer pour une histoire de trafic de drogue et la disparation d'une grosse quantité de cocaïne. De l'intérieur de la prison comme de l'extérieur , de manière officielle ou plus officieuse détenues, avocats, truands, directeurs et surveillantes tentent de savoir ou se trouve la fameuse cargaison de drogue disparue.


Si le film s'appuie sur une trame de thriller et d'enquête criminelle le film est pourtant bien de nous offrir un récit des plus palpitant. Le fait de passer sans cesse de l'intérieur de cette prison de femmes à l'extérieur avec les investigations musclées d'une bande de truands afin de retrouver leur drogue donne au film un aspect assez décousu, maladroit et finalement un peu vain; le film tout entier se résumant à cette unique question "mais ou est passée cette foutue drogue". Le film nous gratifie tout de même d'une chouette poursuite de voitures à l'ancienne , de celles réalistes faites par des cascadeurs bravant les dangers , bien loin des improbables acrobaties toutes numériques des blockbusters de notre époque.


En ce qui concerne son univers carcéral, bien que forcément gratuitement voyeuriste, le film ne versera jamais dans l'étalage scabreux de sévices, tortures et viols comme le laisse parfois entendre de manière mensongère son résumé. Le passage le plus "choc" du film se trouvant dans son générique de début avec la fouille intime de la nouvelle détenue , pour le reste on restera sur des registres de crépage de chignons et de gentilles luttes de pouvoirs et de domination. La description de l'univers carcérale reste assez sommaire et même si ce n'est évidement pas le but du film on aurait aimé se retrouver un peu plus plonger dans le fonctionnement, les rites et les codes de cette prison pour femmes du début des années 70. Le film de Rino Di Silvestro nous propose une belle galerie de personnages féminins mais qui une fois encore manquent trop souvent de profondeurs et de caractérisations. On retrouve en tête d'affiche la fascinante comédienne d'origine suédoise Anita Strindberg ( La Queue du Scorpion - Qui l'as Vu Mourir ?) et le reste du casting est composé de comédiennes dont vous aurez peut être déjà vu le visage (si vous les regardez au dessus des épaules) dans de nombreux films d'exploitation et bis italiens de l'époque comme Paola Senatore (Black Emmanuelle en Amérique - La Secte des Cannibales) ou Eva Czemerys (L'assassin a Réservé 9 Fauteuils - Les Guerriers du Bronx 2). Niveau érotique le film nous propose plusieurs scènes de douches collectives, des bagarres de cours de récréations entre des détenues qui s'arrachent la culotte en ne respectent pas le principe pourtant primordiale de ne pas toucher aux habits et une révolte carcérale durant laquelle les détenues exhibent fièrement leurs généreuses poitrines aux lances à incendie de la répression transformant un peu la mutinerie en joyeux concours de tee-shirt mouillés. On notera toutefois avec amusement (ou regret selon les gouts) que ce sont assez systématique les plus jolies et les plus fraîches fleurs de l'univers carcérales qui auront droit d'être arrosées sous les douches alors qu'au nom d'une élémentaire égalité des droits mêmes la plus laide et vieille des figurante mérite un minimum d'hygiène.


Et bien voilà, La Vie Sexuelle dans une Prison de Femmes reste un sympathique et bien innocent divertissement pour adultes dont l'histoire ne vous froissera pas le cortex et donc les audaces ne mettront pas à mal votre confort morale. Quitte à passer le temps, pourquoi ne pas le faire en charmante compagnie.

freddyK
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le 25 août 2021

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