Une jeune femme allemande, qui vit avec son vieux père fermier et veuf, rêve d'aller vivre à Prague, là où sa mère était originaire. Elle va délaisser son père, l'homme qui lui a été promis pour reprendre la ferme ainsi que l'amant qu'elle avait pour découvrir ce qu'elle appelle la ville dorée où une tante l'héberge. Sauf que les idéaux ne semblent pas si enchanteurs que ça et cette fille, Anna, va l'apprendre à ses dépens.


Comme dirait l'autre, il faut remettre La ville dorée dans le contexte de son histoire. Le film date de 1942, c'est une superproduction allemande, une des premières en couleurs d'ailleurs, il a donc été produit par les instances du Troisième Reich, sous l'insistance de Joseph Goebbels, qui voulait faire une vitrine pour Kristina Söderbaum, alors l'épouse du metteur en scène Veit Harlan. Ce dernier étant tristement connu pour avoir réalisé Le juif Süss d'horrible réputation, mais concernant La ville dorée, il n'y a aune allusion à l'époque [de la guerre], rien de raciste ni d'antisémite. Non, il s'agit d'un drame, appartenant au genre du Heimat (en gros, un film qui glorifie la nostalgie de l'Allemagne du début du XXe siècle aux airs de mélodrame) de fort bonne tenue.


Le film est porté avant tout par Kristina Söderbaum, qui se rêve d'indépendance et refuse la vie que son père lui a tracée, afin de faire son expérience de la vie, notamment dans toute la partie située à Prague. On voit d'ailleurs que le réalisateur a un talent certain pour suggérer en un plan ce qu'on appelle la ville dorée, à savoir un plan de maquette qui représente Prague, mais montrée de manière idyllique. L'image est parfois celle d'une carte postale, notamment dans la partie située à la ferme du père, mais cette apparente laideur (pour Anna) est un violent contraste avec la beauté horrible que cache la ville, avec son lot de drames, et une fin que je trouve très belle, à la fois sombre, et peut-être porteur d'espoir. Avec son énorme budget, Veit Harlan montre de très beaux plans, notamment le dernier qui est un mouvement de grue, celui où Prague est montrée comme une maquette, et bien entendu Kristina Söderbaum qui est filmée de manière admirable, ce qui n'est pas le cas des hommes qui sont souvent montrés comme des prédateurs, ou qui ne représentent pas une image positive.


Il est paradoxal que le cinéma du Troisième Reich a souvent donné lieu à des œuvres parfois très fortes (je pense bien entendu au Corbeau, produit par la Continental), ou à La ville dorée, qui est même dans la lignée des mélodrames allemands de Douglas Sirk dans les années 1930, en dépit des horreurs de la Guerre.

Boubakar
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le 15 mai 2023

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