Cet avis à chaud sera amené à évoluer, je suis le premier surpris de ma sévérité vis-à-vis d'un film dont tout promettait que j'allais en être profondément impressionné. Il faut dire qu'il est puissant de faire un film sur les camps de concentration sans qu'une seule personne juive apparaisse jamais à l'écran sinon par l'omniprésence de leur absence, même si l'évocation du hors-champ, d'abord maline, alternant entre évocation subtile et plus grande « frontalité » (toutes proportions gardées), est vite répétitive, limite du dispositif que Glazer semble lui-même ressentir puisqu'il doit d'abord intégrer une péripétie (l'arrivée de la mère de Hedwig) pour dynamiser l'action, puis éloigner Höss et se focaliser sur sa courte carrière à Oranienburg, bref montrer un nazi au milieu de nazis, images pour le coup déjà vues mille fois. Comme s'il sentait que les moments très réussis où il parvient à intéresser le spectatorat à la querelle entre Hedwig et Rudolf sur l'abandon d'Auschwitz est une espèce de petit « miracle » qui ne peut pas vraiment se dupliquer, et qu'il faut revenir à quelque chose de commun (qui tranche avec l'austérité maline et expérimentale de ce qui précède) pour qu'on ait encore quelque chose à voir, entre idées de petit malin, ou du moins de personne se croyant plus maline qu'elle ne l'est à intégrer soudain des idées relevant d'un régime de son et d'images hétérogène, hermétiques à qui ne se renseigne pas en dehors du film et plus curieuses qu'intéressantes quand on ne les comprend pas (alors que ce qu'on ne comprenait pas d'Under The Skin faisait pleinement partie de son charme).