Une famille mène une vie sereine à côté du camp de concentration d’Auschwitz.
Tout commence sciemment antinomiquement avec l’aspect bucolique de gazouillis d’oiseaux sur fond noir. Le tour de force du métrage est de nous emporter dans cette cécité paisible : baguenauderies telles la cultivation d’un potager et de fleurs ou encore des jeux enfantins avec le canidé fuligineux de la smala, Cerbère involontaire de la porte des Enfers. Du travail d’orfèvre est fourni sur la bande-son pour une expérience sensorielle intense composée de sanglots d’enfants, d’un bruit effroyablement chthonien, de coups de feu sur lesquels nul protagoniste ne s’attardera et d’une musique ouvrant le générique qui est glaçante. En outre, l’unique préoccupation de l’épouse est leur éventuel déménagement alors que la petite famille côtoie l’horreur génocidaire perpétuellement invisible, en hors-champ. Avec cette œuvre incommode et déconcertante, on borde la banalité du mal en exhibant que des échos ; nulle image lacrymale n’est montrée.