Alors oui , l'image son est bien trop évidente, bien trop exploitée. Alors qu'au final tout est montré, et que le hors champ est très limité. Tout est dans le détail et la suspension de l'action. Au moins dans la première partie du film.
Car le film grince un peu à partir de la dispute du couple Höss et le départ pour Budapest. A partir de ce moment ou le conte s’arrête. La maison ne tient plus les murs du camp et l'édifice cinématographique s'effondre un peu.
Niveau formel j'ai noté une seule contre plongée (merci d'avoir évacué d'un coup de bistouri ce poncif du cinéma de propagande nazi). Nombreux plans fixes et centrés. Avec une profondeur travaillée, précise et théâtrale. On évite l'à peu près, le flou, le dilettante et le satisfaisant. A tous niveau - cadrage, plans et montage – j'ai trouvé de l'a propos et une certaine virtuosité.
Il y a aussi le système des passages en négatif et des couleurs pleines qui auraient pu s'avérer irritant comme effet de style esthétisant mais j'ai plutôt trouvé que ça marchait.
Les images sont extrêmement éloquentes : c'est la force de ce film. Elles disent beaucoup.
Pour ma part je ne les ai pas trouvées inutilement bavardes.
Petit remarque sur la bande son musicale que j'ai bien aimé tant elle m'a rappelé l'esprit de la pièce « different trains » de Steve Reich que j’affectionne.
Sandra Hüller un peu déjà-vu, mais elle respire bien la parvenue brutale, mesquine et avide à qui la promesse de nouvelles terres à coloniser à l'est par l'Allemagne est une occasion inespérée de faire son trou. Qu'importe le coût du pacte faustien elle accomplira ses rêves de famille à la campagne. Elle y croit et lui aussi.
Lui c'est Christian Friedel en Rudolf Höss : banalement sadique, banalement à la mode, banalement ambitieux et bien sur banalement anthropomorphique. La machine managériale de la bourgeoisie nazie exploite à plein régime cet homme totalement dévoué. Ce petit chef est obnubilé par le désir de bien-faire et avec sa femme ils feront tout pour une promotion.
Et c'est aussi un pan du film - à peine effleuré car ce n'est pas le sujet : cette grande bourgeoisie qui s’accommode très bien de l'extermination et de l'exploitation ( "ne vous inquiétez pas vous aurez vos ouvriers" déclare un officier SS à un industriel en manque de main d’œuvre ) des juifs et qui elle a survécu à l'épuration. A nouveau la banalité du mal. L'entre soi comme système pour s'accaparer les richesses d'autrui.
Et n'oubliez pas : les diamants sont dans le dentifrice.