Ce film marche grâce à ses non dits. Heureusement qu'on en sait pas plus. Heureusement que le réalisateur (qui est loin de faire partie de mes préférés) laisse ses plans parler. Heureusement qu'on y bavarde pas. Heureusement qu'on ne s’apitoie pas. Heureusement que ce n'est pas naturaliste.
Un film bien huilé comme le quotidien d'Hirayama (très bon Kōji Yakusho ) avec formellement le système répétitif mis en place plutôt à mon goût même si on peut légitimement lui reprocher de sur-découper l'ensemble. Aussi le travail autour du profil d'Hirayama en gros plan est une belle idée, et c'est plutôt réussi.
On évite de justesse l'effet google map avec les plan point de vue satellite du périph' de Tokyo grâce justement à leur juxtaposition dans l'ensemble du montage et l'espace temps clôt des jours qui se succèdent.
J'avais peur de l'effet réal occidental qui découvre l'orient et ses chiottes exotiques, alors qu'au final on y passe pas notre vie (Hirayama non plus) et c'est plutôt réussi de filmer ce Tokyo des lieux publics (bains, restos, parcs, périph, magasins etc.) en toile de fond de cette fable.
Aussi je trouve que la condition laborieuse d'Hirayama est bien traitée et pas de manière bourgeoise et complaisante ("pauvrophile" diraient certaines personnes); il y a bien le mépris de beaucoup pour le technicien de surface, les journées de m*rde et le poids du matériel dont il s'harnache et doit bien peser.
Et plusieurs moments nous montre bien les douleurs - inhérentes à sa condition - de cet homme à l'existence de feuille.
On y parle de l'expérience sensible que peut avoir tout à chacun de l'éternité. Oui il y a des longueurs, et des langueurs. Il y a ces journées qui se répètent , il y a l'ennui, l'habituel les moments pauvres en affects qui emplissent l'espace. Mais c’est c'est à ce prix que ces journées forment un motif unique qu'on nous propose de discerner.
Hirayama « walk on the wild side » avec légèreté sans bruit ni tapage. Un punk si discret.