Lacrau
6.5
Lacrau

Documentaire de João Vladimiro (2014)

Une oeuvre assez stupéfiante, à l'interprétation très ouverte. Lacrau de Joao Vladimiro nous entraîne 100 minutes durant dans le continent portugais, montrant finalement assez peu l'Homme et ses préoccupations urbaines, la ville et ses pouvoirs déliquescents...


Le cinéaste trace un chemin vers un retour aux origines naturelles, tournant son film comme une étonnante série de chutes en perpétuel renouvellement. Lacrau échappe totalement à la linéarité narrative, préférant une approche cyclique et répétitive du récit pour mieux exprimer le caractère insaisissable de Dame Nature. Certains plans de cette oeuvre quasi documentaire sont à ravir, Joao Vladimiro travaillant la texture de ses images en manipulant différents supports et divers formats : son film est à voir impérativement dans une salle obscure pour mieux vivre l'expérience humblement préconisée par le réalisateur. Aride mais salutaire pour qui aura la chance d'y pénétrer Lacrau est un poème expérimental de tout premier choix, bousculant notre confort de simple spectateur pour s'avérer finalement pleinement contemplatif, et hypnotique qui plus est !


Les plans s'installent dans la durée, proposant de voir et de percevoir, de balayer du regard ses terres portugaises pour mieux les apprivoiser. Un rien sauvage et fort peu évident dans sa portée Lacrau permet surtout d'entrevoir une Nature avec de multiples regards, qui semble nous dévisager à travers ses formes anarchiques. Au gré d'un rythme lent mais homogène, dilaté jusqu'à l'hypnose Lacrau semble non seulement dire des choses par l'entremise de ses images mais aussi à travers sa bande-son, souvent en décalage avec les vues proposées. Audace conjuguée à la sécheresse du récit, puisque le film de Vladimiro prend le parti de bannir le verbe tout au long du métrage, réduisant la parole à quelques mélopées religieuses dans le chapitre final.


Un film brillant, épuré mais habité de part et d'autre : Lacrau risque de hanter notre parcours de cinéphile, récompensé à juste titre au dernier festival du film de Lisbonne. Un film modeste mais essentiel !

stebbins
8
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le 7 mai 2015

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