Le générique annonce la « couleur » : ce film sera blanc, pur, et rouge, sanglant. Ce générique est beau, la musique est baroque et très belle.
Il est différent de ces prédécesseurs sur plusieurs points : entre le premier qui était coloré (éparpillé), le deuxième noir (malsain, summum de la vengeance), celui-ci est blanc et rouge, on a donc à faire à une véritable expiation, une sorte de rédemption, de véritable rachat de l’âme qui doit passer par la vengeance. De plus, le personnage principal est porté par une femme. Ce qui donne une dimension peut-être plus pure, innocente et belle.


Le début du film est basé sur les camarades de prison de Geum-ja. Celles-ci nous racontent tour à tour leur enfermement, et ce que Geum-ja leur a apporté (une aide psychologique, physique et même un don de rein). Un prêtre est même là pour accueillir Geum-ja à sa sortie de prison, et lui offre symboliquement du tofu blanc. Pas de doute : Geum-ja est un ange. Seulement, tout le monde le lui répète, depuis qu’elle est sortie, elle a changé. Elle est devenue silencieuse, froide, distante et se maquille les yeux en rouge (oui encore du rouge) pour ne plus paraître gentille. On comprend alors que toutes ses années de prison n’ont réussi qu’à alimenter sa préparation de vengeance et que ses camarades n’étaient que des pions qui lui serviront à se venger à sa sortie. Le désir de destruction prime.


On peut alors retrouver le côté ironique, humoristique de Park Chan-wook : l’héroïne est sarcastique, l’ironie de la vengeance qui finalement n’est absolument pas salutaire, est placée.
D’autre part, des scènes burlesques sont ici encore à noter, comme celle de la reconstitution du meurtre où Geum-ja, qui ne sait pas ce qu’elle doit faire (normal, ce n’est pas elle qui a tué l’enfant) est aidée par l’inspecteur de police en charge de l’enquête. Alors qu’elle s’acharne sur le mannequin censé représenter l’enfant, la tête de ce dernier tombe. Burlesque et trash.


On découvre également que Geum-ja a une fille et que cette dernière a été adoptée. Celle-ci se révèle être le catalyseur de rédemption de Geum-ja. Dès son arrivée dans la vie de Geum-ja, cette dernière, pourtant bien installée dans son désir de vengeance se retrouve dans un besoin d’expiation de son péché : sa vengeance, bien que légitime ne l’amène qu’à sa perte.
Une autre dimension du film apparaît alors : un côté humain du personnage pourtant si froid et d’une volonté sans faille. L’émotion du personnage prend alors la place de la vengeance qui a pourtant été réfléchie et scénarisée par Geum-ja pendant presque la moitié de sa vie.
Alors, dans la deuxième partie du film, la vengeance s’évapore pour mettre en valeur l’humanité, ce qui fait de Lady Vengeance une originalité comparé à Sympathy for Mr. Vengeance et Old boy.
Cette humanité dans la vengeance, on la retrouve également dans la vengeance en elle-même de Geum-ja. Effectivement, celle-ci se veut collective et donne un côté réellement « partageur ». Car Geuma-ja n’effectue pas seule sa vengeance, elle invite d’autres victimes à se joindre à elle. Sa vengeance est alors moins légitime et vraiment plus compréhensive, compatissante.
Lady Vengeance est donc double : vengeance et sensibilité. Et suit l’évolution de son personnage. Le final va également dans ce sens : on y retrouve la vengeance puis ensuite, l’émotion. On pourrait presque dire qu’il y a deux fins. L’une pour la vengeance accomplie, l’autre pour l’émotion ressentie par Geum-ja. Cette deuxième fin est vraiment belle et extrêmement bien filmée : on retrouve le blanc, la pureté et l’image du tofu blanc.


En résumé : de la beauté, de l’humanité.
Ça fait bizarre de voir Choi Min-sik en méchant. On retrouve également beaucoup de caméos d’acteurs présents tout au long des trois films.
Personnellement : beaucoup aimé.
Le plus pur et émotif.

Szagad

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3

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