Un premier film pour l'actrice Robin Wright qui se démarque par un choix bien judicieux de refus d'action ou de pathos pour ce survival au féminin, même si certains y verront une construction bien connue, alternant ellipses, flashbacks et autres clichés cartes postales pour traiter du renoncement et de la résilience.
Edee part dans le Wyoming investir une cabane dans les bois suite à un événement traumatique dont elle ne se libère pas. L'envie d'en finir est certes présent, mais on ne lutte pas contre l'instinct de survie. On peut alors trouver bien risqué de s'aventurer, de la ville et de ce que l'on imagine de sa vie, seule dans l'isolement le plus total face à une nature qui ne va pas forcément s'adapter à sa présence, de s'embarquer avec quelques provisions pour une durée indéterminée ne sachant ni chasser, ni vraiment pêcher, abandonnant sa voiture, sans bois pour l'hiver et ne sachant pas manier la hache, pour révéler les vicissitudes d'Edee, qui rapidement trouvera un allié chez un chasseur qui passait par là...
Quelques scènes rapides et efficaces rendent compte de la dangerosité du site. Des bruits nocturnes suspects, ou l'arrivée d'un ours dans les parages démontrent toute la méconnaissance des lieux, un blizzard soudain toute la difficulté de s'adapter. Si la première partie révèle finement la vie difficile dans ces contrées, la tentative d'un jardin, la pose délicate de pièges, les contraintes quotidiennes, ou l'arrivée de la belle saison, changeant les décors en lieu paradisiaque où il fait bon vivre, nous faisant oublier la rudesse de l'hiver, la seconde partie moins prenante à tendance virée bucolique compense par la relation humaine qui se tisse, et sans ambiguïté qui nous sauve de la romance attendue. L'actrice réalisatrice soigne sa mise en scène mettant en valeur les décors entre montagne et rivière, jouant de la lenteur d'exécution. Un scénario épuré, aux dialogues rares, qui vient rejoindre la condition d'Edee et son dénuement extrême. Robin Wright tout en intériorité assure au personnage une belle profondeur par une sobriété et un jeu tout en finesse, marquant ses émotions par un simple regard. L'enfermement mental dans lequel elle se trouve révèle toute la difficulté de faire son deuil, immobile et submergée par la douleur. Demián Bichir, quant à lui épouse le rythme.
Une réussite de ce côté là, mais le message est alors bien clair, les liens affectifs quels qu'ils soient sont indispensables au bien-être de l'être humain qui ne peut survivre seul. Un beau message un tantinet optimiste, mais qui permettra à chacun de revoir ses priorités. Et si on évite ici les peaux de bêtes en lieu et place des vêtements, malheureusement, on pense inévitablement à ceux, qui décident de partir vivre dans la nature, refusant les diktats sociétaux, mais n'hésitant pas à consommer la vie sauvage qui n'en demandait pas tant .

limma
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le 11 avr. 2021

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