Un film de bagnoles culte

N'ayons pas peur des mots, Larry le dingue, Mary la garce est un film culte des années 70, comme souvent le sont les films de bagnoles qui ont fleuri dans cette décennie, rappelons-nous Point limite zéro ou la Grande casse (ce dernier fera l'objet d'un remake bien plus tard, 60 secondes chrono).
C'est un road movie très efficace, sûrement l'un des plus réussis, au ton très seventies avec son côté décomplexé, très indépendant et avec ce sentiment de liberté symbolisé par les voitures puissantes au moulin qui ronronne bruyamment (la Chevrolet bleue d'abord, puis la Dodge Charger vert-jaune), et aussi les frusques en jean's que portent Peter Fonda et Susan George (son ensemble jean's & bikini fut adopté par beaucoup de filles à cette époque). Le côté rural joue aussi beaucoup dans cette approche, intégrant le côté Amérique profonde et grands espaces.
En plus, Peter Fonda est une figure de proue de la contre-culture depuis Easy Rider, sa présence est également symbolique. Ce trio en fuite possède un troisième personnage incarné par Adam Roarke qui est plus discret, il imprime une sorte de mélancolie et sert à désamorcer les prises de tête entre le duo Larry et Mary qui sont parfois agaçantes et ralentissent un peu le rythme, mais ces 3 personnages deviennent malgré ça attachants et on a envie qu'ils s'en sortent, on ne sait pas si leur destin sera fatal, c'est pourquoi la fin brutale peut surprendre mais aussi paraître cruellement logique.
Peter Fonda est charismatique avec ses gants et ses Ray-Ban, Susan George tient bien son rôle de garce pénible, mais j'aurais aimé que le personnage du sheriff bougon joué par l'excellent Vic Morrow, avec ses ratissages méthodiques, soit mieux développé, c'est dommage que le réalisateur n'ait pas eu le temps de l'approfondir. L'ensemble reste de très bonne qualité, les cascades automobiles sont techniquement bien réalisées, pour moi c'est un des très bons films purement fun de cette époque seventies, et on voit où Quentin Tarentino a pioché ses références pour son Boulevard de la mort.