Vous auriez le zérosisse de Houdini par hasard ?

Last Action Hero représente un idéal en matière de cinéma de divertissement désormais disparu, dont le principal mantra est aussi simpliste qu’absolument délicieux : faire plaisir avant tout. La mise en abyme ultra référentielle à laquelle se livre Mc Tiernan n’a en effet d’autre but que de jouer avec ces codes du cinéma d’action dont on se repaît grassement plus que de raison. Comment ne pas penser à son Mc Lane indestructible lorsque le cinéaste met en mouvement l’un des seuls autres acteurs burnés à pouvoir tenir la dragée haute à son flic chauve, un Arnold au sourire sincère dont il avait mis en valeur les biceps saillants dans le monstrueux Predator peu de temps auparavant.

De son survival majestueux, et de tous les films qui ont jalonné son œuvre avant last Action Hero, Mc Tiernan conserve un sens aigu de la punchline et une inspiration sans borne quand il faut mettre en scène l’action. Qu’on soit dans l’univers de Slater, celui de l’actionner pur où les lois de la physique n’ont plus court, ou dans notre monde, représenté par un New York malade où l’on flingue comme on dit bonjour, chaque placement de caméra est pensé pour être un vecteur du mouvement, pour lui insuffler la meilleure dynamique possible.

Toute la première partie du film, placée sous le signe de l’exagération assumée, est une occasion provoquée par le gosse capricieux aux commandes, afin qu’il puisse enfin se laisser aller à ses plus folles envies. Des garces en cuir qui portent l’insigne en plein poste de police, au maton de dessin animé qui sauve la mise de Slater entre deux dialogues bien gras, tout n’est que prétexte à la satire sous cocaïne. Le quota autorisé d’explosifs, de bagnoles accidentées et de bastos déchargées pulvérise le moindre autre film d’action en seulement 15 minutes de bobine : Last Action Hero est une véritable machine à bonheur, propulsée par une mécanique généreusement huilée, qui ne connait pas le compromis et rappelle, avec panache, à tous les gamins des années 90, ce qui faisait le sel des actionner des années 80. Même sa VF très fleurie —Et oui, VF, dur de convaincre les copains de composer avec les sous-titres arghghghgh !— rappelle les savoureux doublages qu’il était de coutume de se faire servir, quand ils n’étaient pas encore assimilés à des récitals automatiques débités par des coquilles vides à la voix robotiques.

Forcément, en tant que fan absolu de cette bobine à part, l’envie de la décortiquer longuement, ne serait-ce que pour convaincre le monde que le cinoche peut être ludique, divertissant et intelligent, est féroce. Mais en contrepartie, on est vite rattrapé par la dynamique qui motive Mc Tiernan ici, seconde après seconde : à savoir celle du plaisir. Et c’est ce plaisir, cette rasade revigorante et pourtant très second degré qui reste en tête et motive le clavier au moment où il faut la plébisciter. L’envie de théoriser sa virtuose mécanique du divertissement, d’en extirper son sous-texte efficace, malin et concis, s’efface alors devant ce choix légitime d’en parler simplement, dans le seul but de laisser perdurer ce soupçon de béatitude juvénile qui a réussi à nous habiter à nouveau le temps d’un film.

Car Last Action Héro, c’est un vrai jouet cinématographique destiné aux repentis sales gosses qui recherchent au ciné la démesure sous toutes ses formes. Une récréation de chaque instant qui rappelle, avec fureur, ce potentiel fortement stimulant que peut porter en lui un film décomplexé, épuré de toute intention maladroite visant à excuser son caractère très premier degré. Alors quand Jack Slater nous promet qu’il « ouil bi baque », on force le sourire jusqu’à se découvrir les dents, comme un gosse à qui l’on promet une nouvelle bouchée de pitch au nutella. « Aille ouile bi zère », se dit-on alors, les poings serrés, le cœur au galop.
oso
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le 5 nov. 2014

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