Trépanation : asseyez vous et regardez l'écran, ça passera vite...

Lazarus est sorti des salles après une dérouillée sans surprise en face d'une concurrence assez pitoyable (à savoir le dernier Burton). Vu la promotion inexistante du bestiau et son fort court séjour dans les salles, on ne pouvait pas espérer davantage. Maintenant, qu'en est-il de ses qualités intrinsèques ? Parce qu'il semble de bon ton de cracher sur ce nouveau pestiféré qui utilise en partie les astuces du found footage avec un cruel manque d'efficacité. Alors, merde ou pas ? Presque !


On ne s'attardera pas sur sa maladresse de forme, Lazarus effect n'a aucune conviction dans le domaine, comme le prouve sa pathétique intro bêtisier qui réussit seulement à décourager d'entrée de jeu le spectateur, dès lors assuré du bas de gamme artistique qu'on lui proposera. L'efficacité du parti pris frise le néant. Et au cours de son introduction, le film rate plusieurs détails. Le côté religieux est amené avec une lourdeur pachydermique, nouvelle démonstration du manque de subtilité du scénario (la protagoniste tripote sans arrêt sa croix pendant que son mari étale son agacement vis à vis de la religion dans une dualité qui flirte ouvertement avec la caricature dans les deux camps). Quand les expériences commencent, ils ramènent chez eux un cobaye revenu d'entre les morts sans la moindre précaution, ce qui est scientifiquement une faute impardonnable (heureusement que ce n'est pas le point de départ), et enfin, le prétexte pris pour passer à l'expérimentation humaine ne fonctionne pas vraiment. Voici pour les deux premiers tiers, je traiterai le troisième dans un paragraphe à part. Le plus gros défaut du film, à ce stade, est son incapacité à faire peur. Lazarus effect est constamment nul à ce niveau. Et ce n'est pas un problème de scénario, mais de conception. Voyez vous, le genre fantastique ne fait plus vendre aujourd'hui au cinéma. Alors, dans une logique d'appauvrissement artistique et de racolage commercial, on assiste à une recrudescence de "déguisements" de films, qui essayent de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. The lazarus effect en est un exemple édifiant : la peur est totalement artificielle pendant sa première heure, passant uniquement par des bruitages, des jumps scare, des gros plans agressifs dignes d'un Vendredi 13. Comme si les consommateurs dégénérés que nous sommes ne pouvaient pas flipper simplement parce qu'on nage complètement dans le flou et que ho, là, on a réveillé un animal mort ! D'ailleurs, cet aspect du film n'est pas raté, ce suivi clinique est plutôt réussi et le déroulement du film est suffisamment rythmé pour qu'on le suive. Vraiment dommage qu'il ne joue pas jusqu'au bout cette carte du réalisme, car malgré sa lourdeur, le film parvient à cultiver sur part de mystère et cerne la difficulté des scientifiques à analyser sur le coup les résultats de leurs expériences. C'est alors que le film part dans une nouvelle direction.


Le dernier tiers du film, c'est Lucy meets Carrie.


Faut pas chercher plus loin. Et c'est frustrant de partir dans cette direction car cela limite considérablement l'impact du scénario. Mais soit, le film fait ce choix. Il commence alors à muter, et à délaisser le terrain du fantastique pour partir vers quelque chose de bien plus amusant : le film bis ! Et là, on commence à trouver que the lazarus effect ressemble à un remake aseptisé de Re-Animator. Mais si le film s'est censuré et a laissé tomber le gore qui faisait toute la saveur de cet illustre aîné, il en conserve la fièvre imaginaire ! Le spectateur, avec ce concept propice, se met à avoir pleins de questions et d'attentes ? Ca fait quoi si on augmente les doses de sérums ? Quelles sont les limites ? Comment on peut battre un monstre pareil ? A nous parler d'injections de lait concentré dans la caboche, les neurones du spectateurs entrent en ébullition et il n'est pas interdit de se sentir un peu excité par la tournure des évènements. Sauf que le film se révèle vite incapable de faire preuve de la moindre virtuosité, et que son imagination est carrément limitée quand il s'agit d'exploiter toute l'étendue des pouvoirs de sa Lucy psychopathe. Alors qu'on a vu des tas de pouvoirs à distance, elle passe la fin du film à venir au contact de ses victimes (?), et termine beaucoup trop tôt, au moment en fait où le concept devenait intéressant malgré ses pelletées d'erreurs. Finalement beaucoup plus frustrant que raté, on oubliera sans peine ce frustrant Lazarus, éclipsé sans peine par n'importe quel opus de la saga Re-animator, ou le démentiel From Beyond ! Pitié les producteurs, lâchez la censure et envoyez nous du biiiiis !

Voracinéphile
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le 15 juin 2015

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