Fantastique interprétation de William Hurt, en homosexuel ayant dérapé (ayant eu une relation dont on ne sait rien avec un "jeune garçon"), incarcéré pour 8 ans incompressibles et mis dans la même cellule qu'un activiste d'une dictature d'Amérique du Sud qu'on suppose être le Brésil. Le film commence bien : on entend une voix qui semble "off" mais est en réalité la voix du personnage de Molina (la doublure française de William Hurt) racontant une histoire. Dès cette voix, on rentre dans le tragi-comique, car cette voix a un formidable pouvoir de séduction, à la fois sûre comme une voix off et incertaine comme une histoire orale racontée par un petit garçon. Le personnage de Molina est fantastique, fantasque, fragile, fraternel, aimant. Et rusé.
Malheureusement, le film montre à quel point le monde est farci de pourris, ça ne change pas mais c'est une bonne piqûre de rappel, surtout que là ça se passe en 85 et pas au Moyen-Âge, dans une société moderne qu'on jugerait être une démocratie occidentale. Consternant.
Cependant, 90% du film se passe dans la prison et dans la tête des deux prisonniers à raconter ou entendre une histoire d'un soit-disant vieux film de propagande Nazi, que Molina aime car il y a une histoire d'amour, sans se soucier du contexte, ce qui est assez comique sans même parler des réactions de l'auditeur... mais tout cela est bien lent. J'ai eu beaucoup de mal à visionner le film en entier (une semaine et demi), mais la fin s'emballe et je ne le regrette pas, à moins qu'on puisse qualifier de regret le sentiment que cette dernière nous laisse...