Ce film est un des derniers de George Marshall, vieux briscard de la réalisation Hollywoodienne, co-réalisateur de la fresque historique La conquête de l'ouest, et qui avait fait son premier film en 1916, se spécialisant souvent dans les films humoristiques, notamment avec Laurel et Hardy ou encore W C Fields. Le film est en noir et blanc et son titre français reprend celui du roman dont est tiré le film : The company of cowards.
Voilà un film que l'on pourrait classer de prime abord dans la série "Les gaietés de l'escadron". Honnêtement, à certains égards il le mériterait, mais l'expérience du vieux réalisateur évite sans doute les lourdeurs du genre, et on s'amuse dans cette histoire bien rythmée où la malice prend le dessus. Le scénario met en scène deux officiers de l'armée nordiste envoyés en territoire Sioux pour avoir fait ridiculement échouer une attaque contre les Sudistes. Ils y sont chargés d'un régiment composé des bras cassés et des " cas soc' " que l'armée de l'Union ne veut plus voir mettre la pagaille dans ses rangs en pleine guerre des Etats-Désunis. Comme le fait remarquer Neubauten dans sa critique sur SC cependant, le scénario laisse un goût d'inabouti. La déglingue des soldats mobilisés dans ce régiment, notamment, n'est pas exploitée jusqu'au bout, et ce manque de planification dans les situations comiques laisse une trop grande part à la spontanéité des rebondissements de l'histoire.
Le récit est presque entièrement parodique des films de western, anticipant même la vague des westerns spaghetti de Sergio Leone qui n'a certainement pas manqué de voir Le Bataillon des lâches avant de sortir Pour une poignée de dollars : passage de relais entre deux réalisateurs pas sages. Les horions d'opérette et les assiettes brisées pleuvent, souvent accompagnés de bruitages rigolos et d'une joyeuse musique, le tout rappelant l'atmosphère des dessins animés de Tex avery. Au milieu des situations d'affrontement comique, les innombrables coups de feu n'ont donc aucune chance de blesser qui que ce soit, et c'est une bonne nouvelle pour le public des enfants. Les indiens sont traités avec une décence rare dans la tradition des films parlant de la conquête de l'ouest et la charge contre l'imbécilité de la hiérarchie militaire pourrait presque lui octroyer le grade de "Film antimilitariste". Pourquoi pas ? 1963, après tout, c'est à peine 10 ans avant la boucherie de la Corée et deux ans avant que débute celle du Vietnam. La lassitude commençait à apparaître chez un certain nombre d'étasuniens.
Fait avec la parfaite esthétique des westerns Hollywoodiens classiques mais avec un esprit frondeur, Le Bataillon des lâches est un film léger et drôle, très bien pour passer une heure et demie de décontraction par une longue soirée d'hiver après une page d'information sinistres dont nos mass-medias ont le secret.