Le Bon Fils
6.1
Le Bon Fils

Film de Joseph Ruben (1994)

Avec Le bon fils, on a le futur acteur de Maniac confronté à une version psychotique de Maman j'ai raté l'avion. Autant dire que c'est surtout pour voir l'apprenti Frodon aux prises avec l'icône de notre enfance qu'on s'attaque à ce petit thriller des familles qui nous ressort la bonne vieille recette du pervers polymorphe en culotte courte. Mais comment s'y prend-t-il globalement ? Très mal ! Et c'est curieusement ce côté navet qui lui donne finalement un air sympathique de film tout public. Ce film, c'est l'apologie de l'enfant sage et gentil, contrairement au gamin manipulateur et fourbe qui se sert sans arrêt des occasions qui se présentent pour nuire à son entourage directe, essentiellement sa soeur et sa mère. Il y avait là un contexte psychologique tout à fait propice à enthousiasmer votre chroniqueur et à fournir une petite surprise dans le rayon divertissement. Mais on se rend compte bien vite que le film n'est clairement pas à la hauteur de ses ambitions. Entre le trauma d'Elija Woods traité à grand renfort de guimauve et de clichés assénés sans convictions (le petit Elija n'est pas encore très au point pour faire ressentir le trouble et la souffrance) et la méchanceté de Macaulay Culkin si caricaturale qu'elle fera exploser de rire n'importe quel amateur du genre enfants terribles, on s'ennuie poliment. Ce n'était pourtant pas faute de varier les situations. Macaulay empoisonne le frigo familial, sabote les planches de sa cabane, pousse sa soeur au milieu d'une patinoire, crée un carambolage en lançant un mannequin sur la route... Mais il est aussi tellement méchant qu'il fume, qu'il tire sur les animaux qui l'embête (ça, n'importe quel enfant peut être amené à le faire), qu'il fait des remarques cyniques, qu'il sourit quand ses parents s'engueulent... Sa méchanceté finit par être tellement appuyée que le film perd toute cohérence psychologique pour donner à fond dans la gratuité avec toujours le même ressort de manipulation ("je suis un enfant donc les adultes ne me soupçonnent pas, mais toi le gentil, tu es très suspect à vouloir toujours m'accuser..."). C'était certes rigolo de voir une version psychotique de Maman j'ai raté l'avion, mais ça devient très vite redondant. Le côté naïf de la méchanceté gratuite a beau avoir un petit côté bon enfant amusant (c'est un joli cas de thriller familial qui caricature le Mal pour bien souligner que le Bien est bon), on se décourage très vite d'avoir un petit quelque chose de réellement sadique ou méchant. La fin tente de donner un peu de rythme avec un matricide pas trop mal mis en scène jusqu'au pugilat de gamin qui, ma foi, n'est pas très convaincant dans sa chorégraphie. La fin est toutefois très drôle, puisque la mère doit faire alors la différence entre le BON et le MAUVAIS fils, car elle ne peut en sauver qu'un. Et son dénouement est tellement happy end (alors qu'il y a bien un gamin qui crève, oh, c'est un gamin qui est mort, là, le scénariste le condamne car la rédemption, on connaît pas par chez nous ! C'était trop tard pour le changer, à 6 ans, on est ce qu'on est !) qu'il est difficile de garder son sérieux. Allez hop, un petit navet qui vient rehausser la pile derrière ma corbeille de linge sale. Et vous, cher spectateur, saurez vous faire la différence entre le BON et le MAUVAIS film ?

Voracinéphile
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le 21 oct. 2015

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