Regarder son couloir, uniquement le sien

Ils sont quatre, une fille (Lala) et trois garçons (Ali, Oumar et Youssouf). Ils sont membres d'une équipe de jeunes coureurs de demi-fond maliens. Cette équipe est menée par l'entraîneur, Loïc.
Dès la première scène, l'ambiance est lourde. Sur la banquette arrière, les jeunes discutent, mangent un peu et surtout, s'interrogent. Au volant, Loïc saisit très bien leur interrogation : chaque sportif se demande si sa performance face à un sélectionneur lui permettra d'intégrer une équipe française et ainsi obtenir des papiers permettant de rester sur le territoire français.
Ce court-métrage dénonce cette société où l'acceptation dans un nouveau groupe (en l'occurrence un pays) doit passer par une case obligatoire : l'épreuve. Chacun doit prouver sa valeur, se vendre à l'oeil de l'autre, et espérer, condition de l'individu dépendant oblige, que sa performance convainc. Ce film montre la soumission des individus à la bureaucratie, la centralité des papiers administratifs, le pouvoir accordé à cet objet.
C'est par un jeu d'actrice superbement maîtrisé que Gémi Diallo (Lala) montre avec discrétion et subtilité les conditions de vie du personnage incarné. Et c'est avec tout autant de précision et réserve que la réalisatrice parvient à faire de ce court-métrage une oeuvre cinématographique aux portées artistiques, sociales et politiques.