Le Cercle infernal par Mickaël Barbato

Les difficultés du deuil, de l'acceptation de la mort d'un être cher, ont souvent été un canevas efficace pour des films de tout genre : des films dramatiques bien évidemment, de par la charge émotionnelle que contient une telle situation, et parfois teintés de fantastique. Car quoi de plus dur que de voir un humain être bouleversé au point de continuer à vivre avec son défunt...

Julia, Magnus et leur fille prennent tranquillement le petit déjeuner chez eux. Mais tout à coup, l'enfant s'étouffe avec un morceau de pomme. Julia tente bien de la sauver mais ses tentatives restent infructueuses et la petite fille meurt. Julia est traumatisé par cette mort et sera hospitalisée une longue période. À sa sortie, son mari vient la chercher mais elle s'enfuit, refusant de retourner au domicile conjugal. Persuadé que leur couple n'a plus de raison d'être sans leur enfant, la jeune femme décide de s'installer seule dans une maison afin de se rétablir doucement du choc, avec l'aide de son meilleur ami Mark. Mais peu à peu, Julia sent une étrange présence dans sa nouvelle maison, une présence qu'elle ne craint pas et qui lui fait penser à sa fille. Pourtant, il pourrait s'agir d'une histoire plus terrible encore et Julia commence alors des recherches pour faire la lumière sur cette maison et cette étrange présence qu'elle y ressent.

Voilà donc le fameux film qui, en 1978, a remporté le Grand Prix d'un festival d'Avoriaz où siégeait rien de moins que : Leone, Friedkin et Arrabal, des noms fameux pour le cinéphile qui ne peuvent qu'être encourageants quand à la volonté de visionner ce Cercle Infernal. L'ouverture met tout de suite dans l'ambiance, en montrant le décès brutal, choc et abrupte, de l'enfant aimé. Mort qui va plonger la mère, joué par une Mia Farrow dont l'intensité rappelle furieusement son rôle dans le très culte Rosemary's Baby, dans une légère folie.

De cet instant, le spectateur comprend qu'il n'assistera pas à un déluge d'action, de portes qui claquent ou d'apparitions flippantes. Non, l'atmosphère se fait étouffante, alors que Julia fuit son mari afin de s'installer dans une maison qui, visiblement, en a vu des vertes et des pas mûres. Entre ces murs angoissants et le mari menaçant qui rôde, on se dit que la situation ne pourrait être pire. C'était sans compter sur ce qui déclenchera réellement l'histoire, une séquence de spiritisme sans aucune fioriture, jouant avant tout sur le mystère et les sensations.

Dès lors, le métrage trouve un rythme de croisière proche du thriller, où les indices se succèdent mais n'avancent en rien le personnage principal ni le spectateur. Ce n'est que lors du dernier quart diablement bien maîtrisé, que tout prendra forme et que le brouillard s'évaporera, mais au prix d'une cruauté édifiante, glaçante. Mieux, le film laisse le spectateur faire sa propre analyse, tant les évènements peuvent avoir plusieurs degrés de lecture. Revenant, folie, les deux, à vous de voir

Cependant, tout n'est pas parfait. Il faut passer outre une direction artistique qui ferait passer L'Inspecteur Barnaby pour le summum du bon goût... Mais aussi une BO assez calamiteuse par moments et une VF (malheureusement obligatoire sur le DVD Z2) parmi les plus ignobles jamais entendues. D'ailleurs, notre édition (qui est unique au monde, tout de même) est une grosse catastrophe. Imaginez : l'éditeur, voulant absolument proposer un 16/9 et ce malgré sa copie 4/3 a trouvé la solution : effectuer un zoom honteux, foutant en l'air le cadrage d'origine bien évidemment et donnant un effet flou à l'image désastreux. Une vraie honte, mais étant donné qu'il n'existe aucune alternative de par le monde et qu'il s'agit d'un véritable bijoux méconnu...
Bavaria
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le 21 juil. 2010

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