Ce qu'il y a de bien avec ces films que l'on peut aisément qualifier de chef d'oeuvre, c'est que même plus d'un mois après l'avoir vu il marque tellement qu'on s'en souvient très bien. C'est le cas du Cercle Rouge signé Jean-Pierre Melville et qui m'a laissé le sentiment d'avoir assisté à du très grand cinéma.

Un seul mot pourrait qualifier Le Cercle Rouge: Maîtrise. C'est bien simple, il s'agit sûrement d'un des meilleurs scénarios auxquels j'ai pu assister. Tout y est réfléchi, tout s'enchaîne parfaitement et une mise en scène de très haut vol vient appuyer cette histoire.
La fatalité est un thème très présent dans ce film, elle semble être le vecteur reliant chaque personnage entre eux. Ces destins croisés sont passionnants et l'interprétation du film est remarquable. Alain Delon est juste le charisme incarné, c'était juste un très grand acteur qui n'avait pas besoin d'user d'expressions faciales exacerbées pour inonder l'écran de sa classe. Bourvil dans un rôle à contre-emploi prouve qu'il sait jouer autre chose que le bouffon un peu idiot qu'il a pu camper des dizaines de fois dans sa filmographie. Yves Montand offre également une prestation très solide, un putain d'acteur également. Puis tout ça c'est français quoi, cocorico! C'était tellement mieux que Dujardin...
Gian Maria Volonté convainc également dans son rôle de fugitif. Le film fait preuve d'une tension palpable qui montre crescendo et qui joue beaucoup sur l'apparence, ce qui rend le déroulement de l'intrigue loin d'être prévisible et juste ultra prenant. Le rythme qu’insuffle Melville à son film est tout bonnement génial. C'est lent et envoûtant, puis tout va à l'essentiel. Pas de longs dialogues, ceci sont plutôt minimalistes mais ils restent parfaitement ciselés. Le film est riche en grandes scènes mais bien entendu une séquence dépasse toutes les autres. Mais qui a déjà vu un casse aussi bien foutu? Ce silence oppressant, ce suspense intenable, cette tension, cette application... C'est juste exceptionnel, comme le scénario dans sa globalité.

Son traitement est intéressant. Déjà soulignons l'absence totale de manichéisme, chacun est sur un même pied d'égalité, chacun reste un homme tout simplement avec ses qualités, ses défauts. Il n'y a pas d'héroïsme à deux balles, la mise en scène paraît presque médicale, très froide même. La photographie souligne ce côté froid, les couleurs sont grises, ternes. Elles appuient le côté "perdition" du film.
Le Cercle Rouge m'a marqué au fer rouge, fait très mal à ma joue. Je ne peux demeurer insensible face à tant de maîtrise, face à ces personnages taciturnes au charisme fou, face à cette p*tain de séquence du casse, à cette mise en scène de furieux et cette intrigue prenante du début à la fin. Un très grand film, l'un des sommets du cinéma français. Cinéma tout court même, après L'Armée des Ombres qui était juste grandiose, Melville récidive peu après avec ce chef d'oeuvre bouleversant.
Moorhuhn
9
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le 20 oct. 2012

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Moorhuhn

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