Le Chaudron infernal
6.7
Le Chaudron infernal

Court-métrage de Georges Méliès (1903)

Beaucoup reprochent à Méliès d'avoir continué, après Le Voyage dans la Lune à divertir le public avec des courts-métrages. Comme si le maître aurait dû chercher un El Dorado uniquement au-delà du 5 minutes (oui parce que la notion de "court" et "long" métrage, à l'époque c'est très différent de nos jours). Avec Le Chaudron Infernal, Méliès fait taire ceux qui oseraient dire ça.
Il y a, dans le fond, un ton très sérieux, très maléfique. Même si nous sommes en 1903 (et que donc en une dizaine d'année les consciences ont commencé à s'habituer au cinéma), j'imagine que les spectateurs devaient être frappés d'épouvante devant un tel spectacle. Deux démons précipitent dans une marmite infernale trois innocentes victimes, les faisant bruler vives. Suite à cela, leurs âmes s'envolent puis s'embrasent et le meneur des deux démons préfèrent encore se jeter lui-même dans la marmite.
Je présume que vous sentez le ton, très différent de ce qui était raconté au préalable. Le jeu d'acteur est parfait bien évidemment et colle avec cette atmosphère qui, si je pouvait me permettre, préfigure la naissance du cinéma d'épouvante, deux décennies plus tard.

Au niveau technique c'est aussi un des courts-métrages les plus réussis. Lévitation de personnages et fausses flammes (ainsi que décors trompe l'oeil) sont presque des éléments oubliables devant la particularité de ce film. En effet, usant avec brio de la technique de la surimpression, y ajoutant un effet flou et dosant l'ensemble parfaitement, Méliès arrive à faire apparaître des âmes. C'est, tout simplement incroyable. Je crois avoir rarement été aussi bluffé par un effet de Méliès que par celui-là.
Il faut dire que le film est en version colorisé, image par image, à la main, de l'époque même de Méliès. On saluera le travail de l'artisan, oublié, qui a offert un travail incroyable pour parvenir à donner cette teinte aux anges sans détruire l'effet (sachant que, cependant, par la technique de la surimpression ce n'était pas non plus le plus difficile). La couleur est d'ailleurs très belle, très réussie et offre immédiatement une dimension nouvelle au genre. On comprend que Méliès ait tenu à offrir ses films dans de telles conditions.

Je ne pense pas qu'il s'agit d'un unième court-métrage réussi de Méliès, mais clairement, d'un de ses meilleurs !
mavhoc
8
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le 1 nov. 2014

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mavhoc

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