Claude Chabrol adapte avec talent le livre de Pierre-Jakez Hélias "Le cheval d'orgueil" édité dans la collection "Terre Humaines" de Jean Malaurie. Ce n'est pas par hasard si cette chronique descriptive de la vie de paysans bretons de Pouldreuzic au début du vingtième siècle a une portée ethnologique et anthropologique.
Mes grands parents ont vécu quasiment toutes les situations décrites dans ce film. L'église, la religion, les travaux agricoles rythmaient la vie de ces paysans terriens (la mer, ce n'était pas pour eux).
Ce monde décrit n'a pas complètement disparu même si la Bretagne a bien changé après la guerre suite à la modernisation, à marche forcée selon certains, de ses pratiques agricoles notamment. Dans les années 50/60, ma grand mère a vécu le rite des relevailles très bien décrit dans le film. J'ai moi même participé à des messes, à des pardons dans les années 70 et 80 ( en incluant le port des bannières, le ramassage des pommes de terres avant la rentrée scolaire, la fabrique du cidre ....).
Pour nos parents de classe moyenne, disposer d'une bonne éducation est très important. Il y avait, Il a toujours un peu encore, l'école des curés et l'école publique (qui a l'époque avait pour but contrer l'influence de l'église et de faire adopter massivement la langue française).
Le reconstitution de ce monde disparu est remarquable de justesse, la voix off est très utile.
Coté acteurs, signalons la présence de François Cluzet, Dominique Lavanant, Michel Blanc.
Note : 8/10 film un peu à part dans la carrière de Claude Chabrol. C'est clairement un grand cinéaste, on la sait, cette adaptation le démontre.