Un film un peu surprenant. Déjà, c'est un film français sur l'aviation, ce qui n'est pas courant: De la même époque, je ne vois guère que Au Grand Balcon, alors qu'entre les as de la première guerre et l'épopée de l'Aéropostale (sujet de ce dernier), il y a largement de quoi faire.
Ensuite, parce qu'il semble un peu étrange et utopique, étant le reflet de cet engouement, juste avant la guerre, pour une aviation qu'on voyait comme l'étape suivante du transport individuel, mieux que l'automobile...
Et puis on est surpris de voir ses dates de production: voilà un film indépendant produit durant l'occupation et sorti en 1944, et qui a été bien accueilli, autant par Vichy que par les autorités pourtant en pleine chasse au collabos au lendemain de la libération...
Et c'est là qu'est la surprise, parce que c'est un film qui parle d'émancipation, de réalisation de ses rêves malgré la société et le qu'en dira-t-on, et notamment l'émancipation d'une femme, d'une mère de famille. Indépendante, libre, vraie patronne, sans que pourtant être représentée comme un mégère, ni que son mari (On oublie trop souvent combien Charles Vanel a sa place parmi les plus grands) ne le soit comme un mec castré, soumis. Bref, une liberté d'être incarnée, comme c'est commode, par le fait de voler. Mais Grémillon ne tombe pas pour autant dans la facilité ou le pré-mâché, et sa réal, avec quelques mouvements d'appareils qui font bien plaisir, fait le taf aussi.
Bref, un film qui a un vrai côté "curiosité", mais pas que...