Très très belle surprise que ce film français complètement oublié de Guy Gilles, Le Clair de terre. Dès la première scène le style de Guy Gilles tape à l'oeil du spectateur, on pense quasi immédiatement, on compare instinctivement à Godard notamment au point de vue du découpage, mais également concernant le côté pictural (choix de cadrage et couleurs primaires des décors). Puis en réfléchissant, on se dit que cela se réfère aussi de façon plus secondaire à Antonioni et Malle, par l'ambiance citadine et par l'utilisation de la musique jazzy. Le scénario nous raconte dans un premier temps, les préparations de voyage d'un jeune parisien (peut-être gigolo à ses heures ?) désirant découvrir la terre natale de ses parents, c'est-à-dire la Tunisie, il fait ses adieux à ses amis, ses "clients" et son père ensuite dans la seconde partie, il se retrouve à Tunis ou il rencontre divers locaux ou vagues connaissances. L'intrigue est minimaliste mais dépend de son atmosphère, de la carte postale, d'un sens aigüe de l'anecdotisme s'attardant d'un badaud à l'autre ne serait-ce que pour un seul plan, évoquant des petites tranches de vies en hésitant jamais à faire des apartés notamment sur une figure de la mère de substitution (puisque le personnage principal Pierre a perdu sa mère très jeune) puisqu'il fréquente, croise plusieurs femmes de l'âge potentiel qu'aurait celle-ci. La mise en scène est brillante, m'a beaucoup plu, par sa vivacité et par des cadres souvent désaxés, les séquences sont très "cuts" dans leur montage surtout dans la première moitié car ensuite on a l'impression que cela s'assagit ?