Bedeau empoté de son village normand, Léon Ménard -identité commune aux personnages de Bourvil dans les quatre comédies tournées avec Berthomieu au début de sa carrière- brille les soirs de bal à l'accordéon. Amené à s'exiler à Paris, il tente sa chance dans les caf'conc'. Un peu l'histoire de Bourvil, en somme.
On ne peut pas en vouloir à Bourvil d'avoir trouvé le succès avec ses emplois d'idiot du village ou de gentil simplet. Mais, à force de jouer toujours le même personnage dans des comédies généralement sottes, il en vient à devenir ennuyeux ou agaçant. Je ne suis pas du tout client de ce mode comique, tout ce qu'il y a de moins caustique, qui a terriblement vieilli, précisément parce que les sujets des films en question reposent sur des scénarios passe-partout et des dialogues pas futés.
Ainsi Léon trouve le succès, d'autant plus vite qu'il est un comique qui s'ignore, sur les pas d'une chanteuse vedette entourée d'aimables fripouilles prêtes à profiter de sa candeur. Avec sa mise en scène sans idées et ses personnages pas dégrossis, la comédie est lisible dans les grandes largeurs. Elle pourrait se résumer à cette séquence, à mi-film, où Léon entame un monologue qui fait s'esclaffer les convives, mais qui reflète surtout une désarmante et obsolète fantaisie.