Datant de 1977 Le Colosse de Hong Kong est une sorte de remake non officiel du King Kong de Jonh Gullermin sorti un an plus tôt sur les écrans américains, lui même remake du film mythique de Merian C. Cooper et Ernest B Schoedsack. Le film est aussi l'un des premiers grand film de monstres made in Hong Kong, un genre jusqu'ici réservé et popularisé par les fameux Kaiju eiga japonais.


Le film reprend donc assez grossièrement la trame de King Kong avec un richissime homme d'affaire qui envoie un aventurier pour tenter de capturer un légendaire gorille géant qui vivrait dans la jungle indienne. Notre aventurier va alors faire la connaissance d'une jeune sauvageonne qui n'est autre que l'ami du gorille et décider ainsi de ramener tout ce petit monde vers Hong Kong.


Pour être honnête je ne sais pas si je dois coller Le Colosse de Hong Kong dans ma rubrique La Bobine à Nanar même si il possède tous les symptômes du mauvais film sympathique. Si le film se prête parfaitement à la moquerie et au cynisme du fait de ses nombreux défauts il s'en dégage aussi une naïveté touchante et une candeur quasiment enfantine qui place illico le film de Ho Meng-Hua au dessus du panier des simples mauvais films rigolos. On retrouve dans Le Colosse de Hong Kong l'esprit des vieux Kaiju Eiga avec ses acteurs engoncés dans des costumes de monstres venant piétiner et écraser des maquettes que des techniciens ont sans doute mis des heures à réaliser avec patience et minutie. Il y-a comme ça un coté sale gosse venant écraser ses jouets qui m'a toujours beaucoup amusé dans les films de monstres asiatiques. Notre grand gorille un poil miteux s'amuse ici à écrabouiller des voitures miniatures, à aplatir des gens d'un coup de semelle, à exploser des chars d'assaut en plastique avec le plaisir bien communicatif de la destruction à grande échelle. Les effets spéciaux sont certes artisanaux et rudimentaires mais le plaisir est bel et bien présent à l'image de notre colosse perché au sommet d'un gratte ciel (forcément) se battant avec des hélicoptères de cinq centimètres. Pour les amateurs de Godzilla, des monstres en caoutchouc, des maquettes et des miniatures Le Colosse de Hong Kong constitue un joli retour vers une cinéma malheureusement disparu.


Les aspects les plus drôles et les plus kitsh du film de Ho Meng-Huia se situent incontestablement dans l'histoire d'amour entre l'aventurier interprété par Danny Lee (The Killer) et la femme sauvage interprétée par la starlette blonde et européenne Evelyn Kraft. Une femme sauvage à la coiffure blonde toujours impeccable, au maquillage parfaitement soigné qui se balance de lianes en lianes comme Tarzan, communique avec les animaux et porte à merveille un bien ravissant ensemble deux pièces tout en peau dévoilant ses charmes et formes généreuses. Fatalement notre aventurier va tomber amoureux et comme l'amour rend toujours un petit peu niais on aura droit à une improbable séquence de course au ralenti les cheveux aux vents avant que nos deux tourtereaux ne s'amusent comme des petits foufous en faisant tournoyer une panthère, à moins que ce ne soit un guépard, enfin un gros chat quoi. C'est totalement naïf et couillon mais le film détourne aussi avec malice la censure lorsque Danny Lee suce voluptueusement l'intérieur de la cuisse de notre femme sauvage afin d'extraire le venin d'une morsure de cobra alors que cette dernière pousse des petits cris d'extase et de soulagement.


On s'amusera aussi des nombreuses transparences bien foireuses montrant les acteurs tentant d'interagir maladroitement avec un écran projetant des images derrières eux. A ce titre la charge des éléphants est un moment assez inoubliable dans le registre du bis et du bricolage. Des transparences mal incrustées renforcées par la très belle copie du DVD, il suffit en effet de regarder dans les bonus du même DVD les images d'époque de la bande annonce originale pour voir que l'aspect un peu moisi de la copie faisait passer avec plus de finesses les différences de qualité d'images entre les différents plans. A propos de cette bande annonce , on se demande également avec un vif intérêt ou a bien pu passer le plan furtif de la jolie poitrine de Evelyn Kraft présent dans la bande annonce et totalement absent du film. On passera aussi sur les incohérences du récit comme l'explication de la capture du gorille et comment se dernier qui pèse des tonnes se retrouve enchainer sur un bateau (??). A priori, il semblerait que notre primate géant suive tout bêtement la blonde jusqu'à Hong Kong par amour. A ce propos la séquence durant laquelle notre Tarzane dit au revoir aux animaux vaut vraiment son pesant de cacahuètes entre l'éléphant qui pleure, le tigre qui tire la gueule et la panthère qui tente de retenir la malheureuse en s'accrochant à son slip de peau avec les dents en mode reste là on nage en plein délice.


Le Colosse de Hong Kong est donc totalement bis, monstrueusement candide et bêtement naïf, mais finalement entre la surenchère toute numérique dans le soucis d'une perfection froide et la candeur naïve d'un cinéma artisanal et bricolé, je crois que mon cœur balancera toujours.

freddyK
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le 17 mai 2023

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Freddy K

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