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Même si Sorcerer est davantage une seconde adaptation du roman de Georges Arnaud qu’un remake du film de Clouzot (auquel il rend hommage), on ne peut pas nier que l’ADN de son aîné se retrouve dans cette nouvelle mouture. Pourtant, Friedkin parvient à se démarquer de l’ombre du français en plongeant le spectateur dans une ambiance fiévreuse et psychédélique (et la musique de Tangerine Dream n’y est pas pour rien).

Sorcerer est un film sensoriel : l’image est suintante, boueuse ; on sentirait presque la sueur et le sang des protagonistes. En cela, la démarche rappelle les aventures amazoniennes de Herzog dans Aguirre, la colère de Dieu. Et bien sûr, comme chez son prédécesseur, les scènes de tension sont insoutenables, notamment cette mémorable séquence de la traversée du pont au-dessus des torrents (au vu de l’enfer du tournage, les acteurs n’ont même pas eu à feindre la peur sur leurs visages). La folie est telle qu'on en viendrait presque à se retrouver dans 2001 avec la scène finale dans le désert.

La première partie du film est, en revanche, assez longue, Friedkin ayant fait le choix de présenter chacun de ses protagonistes individuellement. Certes, cela facilite l'attachement aux personnages, mais la démarche de Clouzot — commencer in medias res dans un trou paumé et se concentrer sur les relations entre les membres du casting — rendait la narration plus fluide.

Que Sorcerer bénéficie ou souffre de la comparaison avec son aîné, ce sera au spectateur de trancher. Mais cela n’enlève rien à l’œuvre de Friedkin, qui reste une expérience à la fois splendide et traumatisante.

TheGreenJackass
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le 27 sept. 2025

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