Le film commence par plusieurs itinéraires déroutants, aux quatre coins du monde. Mexique : Nilo, un tueur à gages remplit un gros contrat et doit fuir. Jerusalem : Kassem, un terroriste palestinien doit fuir après un gros attentat. Paris : Manzon, un banquier spéculateur, doit fuir. New York : Scanlon, un truand irlandais, doit fuir après un hold-up qui a raté.

Toutes ces trajectoires individuelles se recroisent, barbus et les vêtements mités, dans un Etat d'Amérique du sud pourri par la dictature et la corruption. On vient les chercher pour transporter six caisses de nitroglycérine jusqu'à un puits de pétrole devenu une torchère. Ils acceptent contre un salaire élevé, garantissant de pouvoir repartir à zéro. Mais les embûches sont multiples : route rendue étroite par des éboulements, pont sur le point de s'effondrer, énorme tronc barrant la route, guérilleros locaux. Seul Scanlon parvient à destination, marqué à vie. Mais ses anciens ennemis parviennent à le retrouver.

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Je comprends parfaitement la critique de Limguela. Moi aussi, je suis un grand admirateur de la version originale de Clouzot, qui était uniquement centrée sur l'action, avec davantage de repères et d'explication sur les enjeux. Je reste sur l'impression que la première moitié du film, trop lente, n'en finit pas et peine à nous aider à nous identifier aux personnages. En effet, à partir du moment où le voyage infernal commence, les scènes d'action sont si bien léchées et montées que l'on se désintéresse du background qui nous a pourtant été montré en détail auparavant.

Au fond, ce film est à l'image des camions utilisés par les héros : des monstres préhistoriques fort spectaculaires, mais qui font un peu artificiels, trop gros pour être réels. La scène de préparation du camion, sur une musique carpenterienne, est prenante, mais montre bien l'abîme qui sépare ce film de l'original. Le film abuse un peu du montage alterné ou des surimpositions pour dépeindre le paysage intérieur des personnages : un peu plus de sobriété, de réalisme sec aurait sans doute mieux fonctionné.

Les acteurs sont excellents, et je ne suis toujours pas revenu de la mort de Bruno Crémer, excellent de bout en bout, tout comme les autres.

Mais le film peut avoir les qualités qu'il veut : il reste un remake, et si la tension liée à l'explosion est bien rendue, en particulier dans la scène de traversée du pont, elle était encore plus présente dans l'original, qui misait davantage sur l'unité d'action. Difficile de voir ce film sans penser à son prédécesseur.

C'est pourtant un bon film, bien carré.
zardoz6704
7
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le 6 févr. 2015

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zardoz6704

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