Claque-moi la cuisse à coup de verts embrasés

Un peu bancal mais visuellement très stimulant, Le corps et le fouet vaut surtout le coup d’œil pour l’héritage qu’il laissa au genre horrifique. Premiers pas un peu timides mais francs du collier d’un réalisateur qui a marqué de son empreinte une grande partie des films d’horreur qui ont suivi, cette mélodie macabre en rais de lumière majeurs a tous les atouts d’une démonstration formelle implacable, qui parvient à faire oublier tous les à côtés moins réussis qui l’accompagnent.

Il y avait pourtant fort à faire. De la partition musicale un peu monocorde aux jeux très limites de la plupart des seconds rôles, en passant par un script qui se mérite, puisqu’il feignasse à écrire les quelques lignes liant ses principales thématiques, Le corps et le fouet souffre d’un manque d’homogénéité un peu gênant. En oscillation constante entre surprise formelle saisissante et scènes longuettes peu passionnantes, il faut être un amoureux des cryptes poisseuses, des châteaux inquiétants et des ambiances fantastiques dans leur forme la plus pure pour apprécier ce voyage réservé aux initiés.

Les autres trouveront sans doute le temps un peu long mais pourront se raccrocher à la très belle partition que jouent de concert le grand Christopher Lee et la très pitchoune Daliah Lavi, la relation qui les réunit à l’écran étant la réussite la plus totale de ce Bava. Une relation osée pour l’époque, témoignant d’une passion sadomasochiste nullement éthérée qui encore aujourd’hui, force l’admiration par sa totale liberté de ton. Lorsque le fouet fend l’air pour annoncer un câlin à venir, l’ambiance est particulière et pourtant, une furtive tension érotique en découle. Un réel tour de force, qui prouve si besoin en était tout la fougue de Mario Bava.

Le corps et le fouet n’est pas forcément l’œuvre la plus évidente d’accès de son auteur, son côté un peu brouillon et peu loquace rendent la séance quelque peu lointaine. Mais elle n’en reste pas moins une référence évidente du genre dans lequel elle s’inscrit, ne serait-ce que par l’expérimentation qu’y fait son auteur. Essais plus ou moins convaincants, qui deviendront, des années plus tard, la base formelle de cinéastes ayant puisé jusqu’à la rupture dans ce genre de bobine fiévreuse dont les ambiances formelles sont le principal atout. Comment, en effet, ne pas penser, devant les belles ambiances colorées du film de Bava, au Suspiria d’Argento qui rejouera, à sa façon, quelques années plus tard, ce ballet de couleurs mettant à mal bleus profonds, rouges passionnels et verts inquiétants jusqu’à l’ébriété rétinienne la plus absolue.

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le 24 sept. 2014

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