et une atmosphère assez fascinante il est vrai. Tempo lent, plages de silence, images parfois magnifiques de la mer glacée, regards tristes et désabusés sur le parcours d'une génération qui aura combattu de la seconde guerre mondiale à l'Algérie en passant par l'Indochine, avec tout ce que cela implique de blessures non refermées, de sentiments de trahison. D'ego perdu qu'on tente de retrouver en poursuivant un fantôme du passé, tel un capitaine Achab dans une France morne ayant perdu son empire colonial, devenue spectatrice de l'ordre mondial et dont les bateaux militaires ne servent plus qu'à faire du ravitaillement et secours aux civils, dont les militaires ne sont plus bons qu'à rejouer la guerre avec des verres d'alcool sur un comptoir de bar du bout du monde...
Pas un personnage n'est épargné par la nostalgie, sauf peut-être, in fine, le héros éponyme (et encore, pas sûr du tout, même si c'est le seul qui semble avoir tourné la page d'une armée devenue un théâtre d'ombres).
Bon, c'est un film de droite clairement, de droite bonapartiste. L'honneur des soldats, des armes, l'armée sans doute trahie par les gouvernants... Ok, mais finalement le film n'insiste pas sur cet aspect, en tout cas il sait se retenir, notamment parce qu'il se centre sur des parcours individuels.
Ce film, je l'avais vu vers l'âge de dix ans : bien trop tôt, je n'avais rien compris et naturellement il m'avait barbé au plus haut point. Revu (bien) des années après à l'occasion de la disparition du très regretté et très classieux Jacques Perrin. Impression nettement revue à la hausse bien entendu.
Et un court dialogue mythique en toute fin de film pour conclure entre Jean Rochefort et Jacques Perrin.