Dans Hitchcock/Truffaut, le Maître explique que c’est un projet run for cover, c’est-à-dire un projet qu’il avait accepté parce qu’il il ramait sur son projet inachevé Bramble Bush. Hitch, en contrat avec la Warner, a donc convenu d’adapter cette pièce à succès sachant, comme il le dit, que c’était un truc pour lui.
Et c’est vrai que Hitchcock est à son affaire dans cette histoire de bourgeois cocu. Tony Wendice (Ray Milland), un tennisman désargenté veut hériter de Margot, sa belle et jeune épouse (Grace Kelly), en délégant son meurtre à quelqu’un d’autre. Le Hitchcockien averti retrouvera évidemment les prémisses de L’Inconnu du Nord Express, un film en noir et blanc sorti trois ans plus tôt, et bien mieux réussi*…
Dans une des premières scènes en tout cas, Wendice expose son plan à l’assassin qu’il a sélectionné. Cette longue scène se passe entièrement dans le salon et Hitch ne fait qu’alterner simplement les plans, et pourtant ce n’est jamais ennuyeux.
L’erreur commune, quand on adapte du théâtre, c’est de vouloir sortir à l’extérieur pour faire cinéma, dit le Hitch en substance à son padawan français.
De fait, Hitch ne sortira pas de l’appartement, et cette unité de lieu créé une ambiance angoissante, anxiogène, qui va culminer jusqu’au meurtre lui-même…
Après, il est vrai que le film faiblit un peu quand on passe à la résolution façon Cluedo / Colombo.
Mais tout de même, c’est le haut du panier…
* Hitch avait-il une dent contre les tennismen, on ne sait…
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