Libre adaptation de la courte nouvelle Gun Crazy, rédigée en 1940 par MacKinlay Kantor, le long-métrage Le Démon Des Armes est devenu culte au fil des années, malgré son échec commercial lors de sa sortie au début de l'année 1950. La principale raison de l'idolâtrie de la part de nombreux cinéphiles revient certainement au personnage de Laurie Starr, superbement interprétée par Peggy Cummins, ainsi qu'à la créative réalisation de Joseph H. Lewis, dont un fabuleux plan séquence de près de 10 minutes, relatant le braquage d'une banque filmé à l'arrière d'un véhicule, qui est, depuis, entré dans les annales. Doté d'un budget très serré, Lewis invente perpétuellement des plans insensés qui inspireront de nombreux cinéastes et qui érigeront Le Démon Des Armes au rang des films mythiques du genre Noir, éclipsant ainsi ses nombreuses maladresses.

Car des maladresses, l’œuvre en est bien évidemment pourvue au sein de sa structure narrative et Lewis semble avoir pleinement conscience de certaines faiblesses du scénario. Il décide alors d'érotiser l'ensemble à l'aide d'une atmosphère puissamment licencieuse, provenant surtout de Laurie, exceptionnelle tireuse d'élite dont chaque coup de feu symbolise une forme de plaisir sexuel et dont l'apogée orgasmique se personnifie dans le meurtre. Un personnage aussi fascinant que passionnant, à la personnalité aussi attachante que répugnante, dont Arthur Penn se souviendra pour le personnage incarné par Faye Dunaway dans le célèbre Bonnie Et Clyde produit 18 ans plus tard.

Du haut de ses 1m55, Peggy Cummins domine intégralement le métrage, aidée, il est vrai, par un travail audacieux quant à quelques détails physiques tels que ses costumes et son maquillage. Aux côtés de John Dall, elle forme un couple magnifique de passion douteuse, n'hésitant pas à lui signifier qu'elle le quittera si elle ne mène pas la luxueuse existence dont elle rêve. Mais au-delà de l'argent et de la superficialité des bijoux et autres fourrures, c'est essentiellement l'excitation propre à ses pulsions meurtrières qui offre un cachet inédit au personnage. Et parce qu'ils forment un si beau couple et parce qu'ils vont ensemble comme des armes et des munitions, l'intensité de leur amour naissant n'en reste pas moins propice à une folie furieuse quasi-immédiate, flagrante et explosive. En ce sens, leur rencontre lors d'un spectacle forain de style western reste peut-être l'un des plus beaux coups de foudre de l'Histoire du cinéma. Culte, il est vrai.

candygirl_
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le 24 août 2023

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