Le Dernier Assaut : 2 mois sur le tournage de L'Ordre et la Morale par Youlot

L'intérêt de ce making of porte d'abord sur la gestion des déboires logistiques par l'équipe de Kassovitz, non sans rappeler évidemment l'autre making of, Fucking Kassovitz, sorti le même jour. L'ordre et la morale est cependant assurément le film de Kassovitz, contrairement à Babylon A.D. Et il est une réussite.
De même, on a ici un témoignage du fait que L'ordre et la morale n'est pas un film comme les autres. Entre chaque prise, on assiste à des effusions émotives incroyables des kanaks improvisés acteurs, jouant le rôle de leurs frères, pères, mères, pour la plupart morts en 1988. On assiste dans le même sens à un dialogue constant entre les trois composantes de ce film que sont les kanaks, les polynésiens et les métropolitains. Au-delà de la performance technique ou matérielle, ce film aura été une réelle aventure sociale.
Sur le plan technique, ce film montre notamment l'énorme travail derrière les deux grands plans-séquence du film, le second étant presque improvisé au milieu de la jungle, imposant aux ingé son de porter les costumes des gendarmes, de peur qu'ils apparaissent dans le champ...
Dans Fucking Kassovitz, on voit un réalisateur désemparé, dépossédé, fatigué, nerveux, qui se bat éternellement contre producteurs, techniciens et même acteurs. Ici on le voit assuré, cohérent, se battant cette fois contre les aléas techniques du terrain ou contre les obstacles psychologiques que peuvent connaître les kanaks. Il est le chef d'un camp(ing) gigantesque à l'autre bout de la planète, devant voir coexister plusieurs centaines de personnes sur un atoll complètement isolé, aux habitants moins nombreux que l'équipe de tournage!
Quelques instants incroyables : les acteurs métropolitains qui demandent aux kanaks d'y aller mollo quand ils les manipulent en tant qu'otages, le big up de Kassovitz quand le premier plan-séquence est dans la boîte, sa direction du kanak qui joue son frère attaché au poteau, et les chants polynésiens et calédoniens, omniprésents et marquants.

Une aventure incroyable, pour un film mature.
Youlot
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le 19 nov. 2011

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