Le dernier métro est une œuvre exceptionnelle. C'est un film très beau, sublimé par ses couleurs automnales qui créées un mélange entre la tristesse et la peinture. Ce dernier possède de nombreux enjeux.


Une peinture du monde théâtral
Il semble logique que Truffaut voulait dépeindre cet art du spectacle qu'est le théâtre. En effet, le film est séparé en deux histoires. L'histoire que les acteurs jouent et l'histoire qu'a voulu raconté le réalisateur. Mais on remarque que ces deux histoires vont se croiser, s'entremêler et ne faire qu'une, surtout quand on voit le développement de la relation entre le personnage de Depardieu et celui de Deneuve. De plus, les couleurs floues nous donne parfois l'impression de visionner une pièce de théâtre. Truffaut livre une réflexion sur les acteurs, la mise en scène ou encore les sentiments dégagés grâce à la pièce. D'ailleurs, on a parfois l'impression que le personnage de Jean Poiret est en fait le miroir de Truffaut.


Un histoire en tant de guerre et d'occupation allemande
Truffaut a réussi à faire un film, non pas de guerre, mais ayant la guerre comme arrière plan. Ce dernier parvient à se concentrer sur ses personnages et dénonce le nazisme non pas qu'avec des arguments politiques mais aussi avec des arguments culturels. Même les personnages allemands ne sont pas caricaturales et ressemblent à des personnes que l'on pourrait rencontrer tous les jours. C'est ainsi qu'une ambiance de méfiance plane, on ne sait pas s'il y a un traitre, mais surtout qui il est. On se met donc à suspecter plusieurs personnages et, au final, c'est toujours celui dont on ne s'attendait pas.


Des personnages doubles
Aucun des personnages de ce film ne possède une personnalité facile. Marion Steiner (Deneuve) apparait en public comme une femme froide, sévère et très peu émotive. Mais, dès lors qu'elle rejoint son mari, elle devient une femme forte, qui doit supporter d'enfermer son mari. Elle apparait également comme une femme amoureuse, prête à être violente pour sauver la vie de l'homme dont elle est amoureuse. Par ailleurs, c'est aussi une femme divisée par ses sentiments. Son mari Lucas est divisé entre passion et culture. Ce dernier aime le théâtre, c'est sa vie. C'est d'ailleurs ce qui lui permet d'être moins seul. Mais il doit rester dans un sous-sol, car il est juif et les allemands ne veulent plus de pièce écrites par des juifs. Il apparait comme un homme à la fois enfermé dans son monde, mais ouvert à l'amour de sa femme.
Le personnage de Depardieu est lui aussi étrange. Il est un mélange de fragilité et d'inaccessibilité. En fait, les personnages sont doubles comme le théâtre. Ce que je veux dire par là, c'est que les sentiments se développent sur scène et dans les coulisses, les deux se favorisant les uns les autres.


Le Dernier métro est un excellent film de Truffaut et est très riche.

Emmie-Kenza

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