Ne montrer aucune image du film dans la bande annonce, c'est un peu un coup de génie parce que ça permet à Dupieux de nous surprendre en réutilisant ses procédés habituels. Évidemment le synopsis du film ne correspond pas vraiment à ce que l'on va voir à l'écran.

Le film est drôle, le film est bon. J'ai pris mon pied pendant les deux premiers tiers mais le dernier acte est pour moi vraiment en deçà. Je pense que l'on aurait clairement pu couper avant ce dernier double dialogue Lindon/Quenard Seydoux/Garrel.

Je me demande si je suis le seul à ne pas croire du tout à la révélation du couple formé par les personnages de Lindon et Quenard. Je sais pas, je trouve que ça ne fonctionne pas du tout. Et alors la scène de fin du suicide dans la voiture, c'est juste nul tellement c'est prévisible à des km. C'est tellement prévisible qu'aucune émotion n'en ressort alors que c'est la scène la plus triste du film.

J'ai l'impression que ce film est né d'une envie de réagir à différents sujets sociaux actuels et que Dupieux nous a pondu, là, sa réponse. Alors en 1h16, on évoque la Cancel Culture, l'homophobie, la transphobie, les catastrophes actuelles et à venir, les agressions sexuelles et viols dans le milieu du cinéma. Tout ça est enrobé d'humour, tourné en dérision, ce qui nous permet de nous demander de quel côté se trouve Dupieux ? Des forces dénonciatrices ou bien des "on ne peut plus rien dire"? Pour moi, après visionnage, ça reste nébuleux et vraiment j'ai le sentiment qu'il n'a pas voulu prendre parti en critiquant les deux camps. Ça passe parce qu'il réussit à rendre ça drôle la plupart du temps et la première heure de film est vraiment un bonheur. Les scènes les mieux réussies sont les moments de conflit entre les personnages, Lindon y est éblouissant.


Les acteurs sont tous bons, j'ai le sentiment que leurs personnages sont une manière de tourner en dérision la façon dont ils sont perçus dans le réel. Il y a un véritable écho à leur "moi" hors fiction, mais peut être que j'extrapole trop. Lindon le bobo moraliste tout en paroles et pas en actes. Garrel et Seydoux les bourgeois et Quenard, la jeune étoile montante qui a envie de tout déchirer mais qui n'a pas les codes du Show-biz. En tout cas j'aime de plus en plus Louis Garrel qui avant était pour moi le stéréotype du bobo fils à papa, taciturne jouant dans des films d'auteur chiants... Bon j'ai quand même eu du mal avec ce passage final où il récite le message du film, mais c'est pas de sa faute. C'est toujours un procédé un peu médiocre quand le cinéaste parle à travers son personnage pour expliciter la thèse que défend son film. C'est heureusement un peu sauvé par le fait que l'on se demande si c'est pas une disquette pour réussir à se taper le personnage de Seydoux. Ça rend le moment drôle.


Par contre j'ai vraiment de plus en plus peur pour la suite. A chaque nouveau film c'est toujours un peu la même cuisine. Le gars sort des films à tour de bras mais fait du surplace. Parce que, soyons honnêtes, Dali c'était quand même un peu le même film que Réalité. Avec Le deuxième acte, j'ai l'impression de retrouver son tout premier film : Nonfilm. Alors clairement, ça n'est pas exactement le même film, mais ceux qui ont vu les deux comprendront le rapprochement. Pour l'instant ça ne me dérange pas. Les ficelles Dupieux, que je connais par cœur, continuent de me surprendre et de fonctionner sur moi. Mais pour combien de temps ? Ce qui n'est pas pour me rassurer, c'est que le gars à l'air dans une boulimie de création en matière de Cinéma et peut être que le problème vient de là ? Peut-être que sa stratégie est d'inonder les salles de cinéma de films ayant toujours un peu les mêmes ficelles et ressorts comiques ?



DaMien12
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le 14 mai 2024

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