Il s'agit d'un documentaire sur une jeune femme de 23 ans, la réalisatrice, qui décide de mener une thérapie familiale, dont elle serait elle-même l'analyste, et qui estime que sa quête identitaire va intéresser le monde entier. Elle est donc filmée par sa super copine, lors de ses différentes rencontres avec sa mère et son père, auxquels elle pose des questions très intimes. Elle veut comprendre pourquoi ils ont divorcé. Et c'est bien légitime. Mais, effectivement, on se demande bien à quel moment elle a eu la conviction que ça valait le coup d'être filmé. Cette jeune femme très bobo, béret sur le coin de la tête et veste en cuir jaune fluo, qui change de couleurs de vernis à ongles sur chaque plan se met donc en scène durant une heure et demi affreusement longue -et elle pleure, oui, parce que c'est dur, la vie- raconte sa dépendance affective à sa mère, et l'inverse, fait raconter sa bipolarité à son père, et entre tout ça, nous inflige des séquences de video-clip ultra girly dans lesquels elle chante et danse façon pop star ratée. Sauf que tout ça, c'est du premier degré.
Je ne lui en voudrais pas si je trouvais le projet simplement inintéressant. Mais il y a une scène qui a suscité chez moi une immense gêne. Celle au cours de laquelle elle se rend chez son vieux, très vieux grand père, qui vit dans un petit appartement comme chez les vieux, boit sa ricoré peinard et a pas envie qu'on vienne l'emmerder. Il est sûrement un peu sourd et bouffe la moitié de ses mots, avec ses dents en moins. Il ne l'invite pas à s'asseoir. Alors elle reste debout elle le questionne : "Pourquoi Mamie elle prenait des cachets ?" "Elle avait un souci à la tête ?" Le type, tout ça, c'était avant et maintenant, on le voit bien dans ses yeux, il attend juste de crever. Il a pas envie d'en parler. Mais la pimpante étudiante en cinéma insiste, en articulant un peu plus, des fois qu'il soit con. "Problème à la tête, mamie ?" Elle s'accroupit à côté de lui, pendant qu'il porte sa tasse à ses lèvres et attend que tout ce petit cinéma soit terminé. Elle espère encore lui faire cracher des secrets de famille qui iraient bien dans son film. Il baragouine des trucs, on comprend pas trop. Cette scène a été pour moi un supplice. Sans elle, le film aurait été inoffensif. Mais ce sentiment de gêne extrême que j'ai ressenti à ce moment là me faire dire que oh non, malgré ce qu'il prétend être, ce film n'est pas un hommage à sa famille, et que plus que cela, il lui manque de respect.

Suzzy
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le 4 oct. 2021

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