C'est à un documentaire très imposant auquel nous avons droit ; il dure pas loin de 3h30 min !
Mais c'est le minimum pour parler en détails de Henri Langlois et de la création de la Cinémathèque, qui est absolument passionnant pour qui s'intéresse au cinéma un peu plus qu'en tant que simple plaisir.

Pour les gens nés dans les années 80 ou plus tard, il est difficile de concevoir qu'un film ne pouvait pas être (re)vu avant plusieurs années, et que son unique refuge fut la Cinémathèque. Henri Langlois, un fou de cinéma, a crée avec Georges Franju une terre sainte pour tous les cinéphiles, les cinéastes, et la création d'un musée permanent ne faisait que renforcer la place que devait avoir le cinéma.

Presque étouffant à force de témoignages de collaborateurs, d'archives (y compris de nombreuses interventions de Langlois), ce documentaire-monstre nous montre aussi à quel point le cinéma était plus important qu'aujourd'hui en tant qu'art, où les débats les plus enflammés pouvaient se produire sur des films comme "La religieuse", les cinéphiles pouvaient voir des films en V.O. sous-titrés en tchèque faute de mieux, mais parce que le cinéma représentait, à l'image de la Nouvelle Vague, un sujet d'expression à part entière !

Personnellement, je ne suis allé que deux fois à la Cinémathèque (expos sur les blondes et sur Kubrick), mais je ne nie pas du tout la place très importante qu'elle a au sein du cinéma mondial, car comme je le disais, elle set aussi de refuge pour des films plus rares.

Les mauvais côtés d'Henri Leglois sont aussi évoqués, notamment sa gestion calamiteuse (des affaires et des bobines, qui a fait qu'il a détruit pas mal de films en ne les conservant pas comme il fallait), ainsi que sa présence envahissante auprès de ses collaborateurs, car il vivait et le respirait le cinéma 24h/24, et plus encore avec la présence bienveillante de sa compagne.
On voit notamment l'évènement qui sera à l'origine de Mai 68, à savoir le déboulonnage de Langlois par André Malraux, qui conduira à l'annulation du Festival de Cannes à la même époque.

En tant que passionné du cinéma, ce genre de documentaire m'intéresse grandement, car il me rassure sur ma propre cinéphilie en me disant qu'il y a plus cinglé que moi !
Sur la forme, cela n'invente rien, et il faut dire que la durée est un peu gigantesque, peut-être qu'un découpage télévisuel en plusieurs parties aurait suffi.

Le documentaire s'arrête sur la fermeture de la Cinémathèque place Chaillot (maintenant, elle se trouve à Bercy), avec des réactions très contrastées sur la mainmise de l'Etat alors qu'il n'avait cessé de mettre des bâtons dans les roues de Langlois, jusqu'à sa mort.

Si vous aimez le cinéma à la folie, dites-vous bien que, quelque part, nosu sommes tous les enfants de Henri Leglois.
Boubakar
7
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2012

Critique lue 579 fois

6 j'aime

Boubakar

Écrit par

Critique lue 579 fois

6

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9