Une vision punk et cauchemardesque de la vie de Ned Kelly

J'eus vent du nom de Ned Kelly pour la première fois par un morceau de Midnight Oil dans l'album de 1981, Place Without A Postcard.


Ce film tout récent retrace la vie du brigand le plus célèbre de l'histoire de l'Australie, île-continent colonisée par la couronne d'Angleterre et terre de bagne pour des brigands ou des ennemis d'Albion exilés de force, éloignés de l'Europe. Oui, l'Australie fut à une époque l'équivalent d'une Guyane, d'une Cayenne pour les rebus de la société chez les colonisateurs victoriens.


De descendance irlandaise pour beaucoup, forcément, il est compréhensible que les brigands et leurs familles exportées ne voient pas les Anglais, envahisseurs historiques de leur île d'origine, d'un très bon oeil et même des deux.


Enfant d'un père devenu une loque et d'une mère exigeante qui se prostitue pour faire vivre la famille accusée de vol de bêtes, Ned Kelly se voit donc s'éloigner, tout jeune, d'une chance de s'élever socialement, après le sauvetage d'un garçon d'une noyade, pour assouvir les principes et la rancune de la mère ne voulant pas voir son fils adoré vivre au sein d'une société de sujets anglais.


S'ensuit alors, dans un bush alternant beauté et désolation, entre verdure et forêt calcinée, le destin scellé de celui qui deviendra le célèbre brigand en armure, présenté et évolué de façon dangereusement déjantée et dérangeante. Dérangeante par la folie palpable des membres du gang et du meneur de s'habiller en tenue féminine pour accentuer la peur des ennemis qui passent sous les mires de leurs armes.


Les images sont belles, montrant une nature aussi magnifique qu'impitoyable où il est difficile de vivre pour les êtres en bas de l'échelle sociale. Les scènes nocturnes, souvent dans une lumière de couleur de feu, font style d'antichambre crasseux de l'enfer.


Quelques passages peuvent prêter à somnolence cependant.


L'ambiance, le rythme, la musique parfois, ainsi que la situation des jeunes bandits en perdition, addicts à l'opium pour certains, rappellent pas mal le Trainspotting de Guy Ritchie. À regarder l'affiche également. Il y a une façon très britannique de filmer qui se ressent dans l'ensemble, avec une énergie assez punk et rock'n'roll dans le dynamisme et les images, jusqu'au chaos final où, soucieux tout du long de transmettre par écrit la vérité sur son histoire à sa descendance, Ned Kelly, vêtu d'une armure et déchaîné dans sa folie avec ses yeux montrés en gros plan, contre-attaque les assaillants chargés de l'arrêter.

MonsieurScalp
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le 15 nov. 2020

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