Le film met en scène une traversée du deuil et de la perte. Mahito perd sa mère dans un incendie, et tout son cheminement intérieur consiste à apprendre à vivre avec cette absence. Le héron est un médiateur ambigu : à la fois trompeur et guide, il pousse Mahito à entrer dans la tour, c’est-à-dire à franchir le seuil du réel ordinaire pour plonger dans un monde intérieur, imaginaire, mais habité de vérités plus profondes. Là, Mahito rencontre des illusions (la fausse mère), des créatures étranges (perruches prédatrices, Warawara lumineux), et surtout la question de la transmission : le grand-oncle lui propose littéralement de prendre sa place comme gardien d’un monde fragile. Mahito choisit de revenir dans son monde blessé mais réel, plutôt que de s’enfermer dans l’illusion ou la toute-puissance.
L’histoire enseigne que la maturité ne peut se trouver dans la fuite de la douleur mais en l’habitant jusqu’à ce qu’un sens s’y révèle : la vie continue, la naissance arrive (l’enfant que porte Natsuko), et Mahito doit consentir à vivre dans ce monde imparfait plutôt que dans un monde clos de substitution. C’est une leçon sur le consentement au réel, au devenir, et à la vie comme elle se donne, même blessée.
Avec cette œuvre ultime Miyazaki prouve qu’il a encore des choses à dire et n’a pas perdu sa capacité à nous toucher. J’ose espérer qu’il nous offrira encore quelques bijoux cinématographiques de cette valeur.