Voilà un film qui consacre la fin d’une époque. Il s’agit de l’ultime film avec Louis de Funès, mis une dernière fois en images par Jean Girault (décédé au cours du tournage) sur une musique de Raymond Lefebvre dont c’est la dernière partition pour le cinéma. Une sorte de testament qui, malheureusement, ne fait pas tout à fait honneur à tous ces talents brocardés durant toute leur carrière. À sa sortie, le film était déjà anachronique. Il faut dire que depuis vingt ans que nos gendarmes faisaient les zouaves, de l’eau avait coulé sous les ponts. Exit les Yéyés du premier ou les hippies du quatrième. Le temps où on courait après ceux qui faisaient trempette tout nus était mort depuis longtemps.
Cet ultime opus, qui s’inscrit dans la veine du précédent, raconte une histoire qui, en creux, se répète : on veut mettre nos gendarmes au placard car ils sont démodés. De jeunes gendarmes les remplaçaient déjà dans Le Gendarme en balade ; des extra-terrestres voulaient prendre leur place dans le précédent épisode ; là, ce sont des femmes en uniforme qui mettent en péril leur position. Partout, on crie, on hurle devant ce film machiste et raciste. Mais quelle bêtise !!! Ce n’est pas le film qui est misogyne, ce sont les personnages, ce qui n’est pas du tout la même chose. D’ailleurs, ce sont ici les femmes gendarmes (bien plus malignes que nos abrutis de gradés) qui règlent les situations. Alors évidemment, ce sont les années 80 et on aperçoit quelques filles (et même Claude Gensac) en petite tenue mais on est loin d’être dans le grivois.
Notre équipe est simplement (et les deux personnages principaux le répètent à plusieurs reprises) dépassée par le changement d’une société qu’elle ne reconnait pas et qui ne lui correspond plus. Le film ne se gêne d’ailleurs pas pour égratigner la mutation sociale engagée depuis l’année précédente avec l’élection de Mitterrand. Nostalgique d’une certaine époque révolue et d’un cinéma qui n’a plus vraiment sa place dans le nouveau paysage, ce film exprime aussi sa propre faiblesse. Si le scénario tient la route, les gags sont moins nombreux et moins drôles, les bons moments plus rares, et il faut tout le cabotinage des deux acteurs principaux (et le toujours irrésistible Jacques François) pour éviter le naufrage. Ce n’est pas totalement déshonorant mais ce n’est pas terrible. De là à l’avoir et à continuer de le fusiller de la sorte, il y a un pas à ne pas franchir. Le cinéma de de Funès (même le moins bon) ne joue pas dans la même cour que Max Pécas. Faudrait voir à ne pas exagérer quand même.