Un extrait de pissenlit guatémaltèque à administrer au cheval ni trop tard ni trop tôt

Commençons par situer ce film dans la carrière de Gilles Grangier. Il arrive après "le cave se rebiffe" et "les vieux de la vieille" et avant "Maigret voit rouge" et "la cuisine au beurre" (celui-ci sans Gabin). On est encore dans une période féconde pour Grangier qui continue à enfiler les succès.
Pour mémoire aussi, on est en plein dans la "nouvelle vague" avec son renouveau de jeunes acteurs (qui sauront revenir au cinéma classique plus tard mais c'est une autre histoire). Soixante ans après, "le gentleman d'Epsom" a survécu et se regarde encore...


Le scénario du "gentleman d'Epsom" est de Albert Simonin, l'auteur des polars de SN bien connu. Ici ce n'est pas une histoire policière. Le film évoque l'histoire d'un ancien commandant du Cadre Noir de Saumur, aristocrate fauché, qui porte encore beau malgré quelques "petites" rondeurs (un peu partout) et qui passe son temps à escroquer des "bourgeois" friqués en quête du fameux tuyau qui permet de gagner aux courses de chevaux.


Mais, comme souvent, l'histoire n'est qu'un prétexte à des numéros d'acteurs qui utilisent des dialogues écrits par Audiard. Ces dialogues sont comme toujours percutants, adaptés à la personnalité des acteurs.
Dites vous bien, que j'ai gagné parce qu'il fallait que je gagne
Maintenant que je sais que vous vous asseyez sur mon honneur, permettez-moi que je m'assieds sur vos conseils
Ce qui vous perd, vous autres joueurs, c'est une espèce d'ankylose du raisonnement


Gabin est parfait en escroc aux charmeuses d'époque. Faut croire d'ailleurs qu'il n'y a pas que les dames à tomber sous le charme. A voir combien les hommes se font retourner comme des crêpes par le culot monstre de Gabin qui leur explique qu'ils ont perdu presque par leur faute. Il n'y a que le beau-frère, riche industriel, (joué par Jean Martinelli) qui n'est pas dupe avec qui il y a quelques passes d'armes assassines assez sympa.
Changement de registre avec Madeleine Robinson et la scène romantique et nostalgique au restaurant russe, où, quand même, à la fin, Gabin se fera rendre de l'argent sur un chèque en bois pour pouvoir payer les fastueux pourliches qui font sa réputation..
Ah, aussi : encore un film où on voit Gabin en pyjama. A croire que c'était inscrit dans les conditions imposées à la production par Gabin... Y-a-t-il un film (après-guerre) où on ne voit pas Gabin en pyjama ?


Ensuite, il y a une floppée de seconds rôles tous talentueux comme les inévitables Frankeur, Jean Lefèvre, Martinelli, Franck Villard, Jacques Marin.
De Funès qui a un petit rôle malgré l'affiche qui le montre à égalité avec Gabin, cabotine un peu beaucoup.


Bon, ce n'est pas le meilleur Grangier, ni le meilleur Gabin, certes. Mais les dialogues percutants et savoureux ainsi que le culot monstre de Gabin font qu'on passe un bon moment.

JeanG55
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le 7 juin 2021

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