Le goût de la politique, ou son désir ?

Le goût de la politique, ou son désir ?

Tout ici est affaire de désir. Celui d’un homme qui devient militant comme celui des réalisateurs. Raconter et faire la politique autrement, les deux n’étant pas dissociables. Si la politique est un récit, faire celui d’une campagne politique est en soi un acte qui ne peut en être dissocié.
Ce qui nous est narré procède de la rencontre de deux flux. L’un vient du Sud (Espagne) et s’est réchauffé aux braises ardentes du mouvement des places. L’autre est né de l’urgence de changer la politique. Un mouvement métaphorisé par la déambulation de Maxime qui parcours sa ville. Au principe de ce flux est une turbine : celle du désir qui anime un corps et le met en mouvement.
On nous propose de suivre le cheminement de Maxime soit la manière dont il fait consister un surgissement : monter une liste citoyenne aux municipales d’une grande métropole. L’ingénieur trouve la bonne forme puisqu’elle se loge dans le social et produit en retour du lien social. Cela mène très loin : à deux pas du Capitole. Un succès manifeste. Une défaite douloureuse.

Subjectivement, j’en retiens la réalisation sensible, à hauteur d’homme ainsi qu’une réalisation qui rend fluide jusqu’aux articulations une campagne électorale (!).
En maintenant la focale sur une personne et ses proches, les réalisateurs offrent aux militants un magnifique cadeau : celui de leur restituer à l’écran une tranche intense de leur vie.
La politique comme tambouille est évoquée : les trahisons, l’usage cynique de positions établies, des calculs. Le réel est implacable : souffler sur les braises des haines, opère. Et, spoiler, c’est celle-ci qui triomphe. Une victoire à la Pyrrhus, si dérisoire, désuète, dépassée, mortifère.

La joie partagée dans le collectif orienté par un désir commun crève l’écran.
Ce goût de la politique est délectable.