Je précise que c'est le premier film de Pierre Etaix que je découvre, et la surprise est de taille ; si au départ, son univers froid et clos m'a quelque peu rebuté, il y a ensuite des inventions visuelles qui font que je marche assez dans ce film.
Tout comme Tati (son maître de cinéma) et Buster Keaton (dont Etaix est le représentant français du slapstick), ce cinéma-là laisse assez peu de place à place à l'improvisation, à des accès de folie dont le burlesque est assez friand. Les dialogues ne sont pas ce qu'il y a de plus réussis, et l'histoire est au fond un décalque de "Sept ans de réflexion", avec Nicole Calfan (sublime) en lieu et place de Marylin Monroe.
Mais pourquoi alors j'ai aimé ce film, malgré toutes ces réserves ? C'est qu'on a eu un français qui a osé fouler les terres d'un genre purement américain, le slapstick, et il le réussit bien, avec des séquences très drôles comme la scène où un couple se partage la moitié de leurs biens (dans le sens premier du terme), ou un serveur qui bouscule la narration de Pierre Etaix, sans oublier les gags issus du muet comme une canne et un haut-de-forme qui s'intègrent parfaitement à un porte-manteaux.
N'oublions pas la mise en scène qui, bien que cadrée au millimètre, est assez réussie ; la comédie n'est pas forcément un genre où l'on chiade sa réalisation, mais là, il y a des plans souvent payants (l'entrée en gare).
Ce genre de films a le mérite de rester intemporel, car il est basé sur un sujet antédiluvien ; l'infidélité. Et il faut dire que Pierre Etaix est un bon acteur, assez similaire à Buster Keaton dans son jeu, assez maladroit avec la fille qu'il courtise, et trop lâche pour avouer qu'avec sa femme, la routine a plus ou moins brisé leur couple.
C'est une jolie découverte, où Etaix sait se différencier de ses pairs en proposant un film assez tendre, drôle et au fond assez attachant, malgré ses (quelques) défauts.