Solidarité !

Un havre ? Peut-être, mais c’est pas sûr non plus… Aki Kaurismaki semble aimer les villes portuaires, fins du monde, parfois, mais aussi lieux de passage, points de départ pour un ailleurs.

L’histoire se passe au Havre, mais c’est une histoire universelle, la fermeture et le rejet face à l’accueil et la solidarité. D’ailleurs, on se perd dans le temps, c’est à la fois Le Havre actuel et celui du passé, Kaurismaki essaie de sortir d’un exemple actuel pour nous offrir un conte universel, non datée. Cette histoire est bien sûr d’actualité, mais on peut la transposer n’importe où et n’importe quand. La main tendue ou le bâton.

Ce qui est frais dans ce film, ce sont de petits gestes, des attentions, mais aussi des actes militants, face à la veulerie d’un Etat répressif et de « citoyens » délateurs. Ces frais et c’est juste, le film rend hommage, indirectement, à tous ceux qui tendent la main aux gens de passage, pour leur offrir le gite ou le couvert, une nuit ou deux, ou parfois bien plus, au risque de se voir condamné pour « délit de solidarité » !!!!

Je ne suis pas un grand fan de la raideur des personnages et en même temps, on ne peut pas ne pas leur concéder une humanité touchante, et sur ce point comme d’autres, le film est dans la continuité de l’Homme sans passé.

Au final, Le Havre n’est pas un miracle, mais ce qu’il montre, et qui existe un peu partout en France et dans le monde, c’est le miracle de personnes solidaires, de gens de peu qui se mobilisent pour des choses apparemment évidentes, la liberté des hommes de se déplacer, le refus d’un Etat policier, l’entraide. La solidarité de classe. Le film leur rend hommage, c’est bien le minimum qu’on peut faire.