Le Hobbit, ou la gloire de Michel

Les commentaires ci-dessous sont extraits des bonus de l’édition spéciale de la version longue collector de la version longue blu-ray 3D remasterisée 78 Disques des 6 films de la Terre du Milieu de Peter Jackson. En plus y a un anneau plaqué or offert avec et un code réduction spéciale (à utiliser lors de la sortie du prochain coffret collector)

« On en a pas parlé pendant la promo du film. On avait été briefé. Le film, les acteurs, les techniciens… tous ne formait qu’un. On ne devait mettre personne en avant, chacun devait rester à sa place. Mais les spectateurs ne sont pas dupes. La presse avait commencé à ébruiter la rumeur à la sortie du Voyage Inattendu, et quand la Désolation de Smaug est arrivée en salle ça a été très difficile de le cacher. La Bataille des Cinq Armée s’est avérée être un aveu public. Même la production n’a rien pu faire. Tout le monde était au courant, Peter a du rendre des comptes. Surtout à sa femme. Après tout, un coup de foudre sur un plateau de tournage ça arrive tout le temps. Mais de ce genre là, on n’avait jamais vu ça. Sacré Peter, y a que lui pour avoir une relation passionnelle avec…(silence)… un fond vert. C’est devenu sa muse, on ne voyait que lui. Tout n’était que fond vert. Michel qu’il s’appelait. Peter avait fait du forcing pour qu’on voit Michel sur chaque plan du film. Et il a réussi. Mais quelques mois après la sortie ciné, Peter a mis un terme à leur relation. D’ailleurs Michel n’est même pas crédité au générique. »

« C’est arrivé un peu par hasard en fait. A la base, c’était pendant la post-prod du Voyage Inattendu. Peter s’était assis sur le bureau en face de nous pour nous rappeler ce qu’il attendait. Et (rire) il s’est assis sur mon clavier. Il a complètement déréglé les contrastes et les saturations, et avait même réussi à modifier, sûrement avec sa fesse gauche (rire) les filtres de la séquence sur laquelle on bossait. Peter s’est retourné puis s’est arrêté net. « Putain c’est génial ». Du coup, on a eu de nouvelles instructions, le but étant de rendre l’image la plus fidèle à ces nouveaux paramètres. C’est devenu un jeu par la suite. Le jour de lancement de la post-prod, Peter venait dans le bureau et s’asseyait sur le clavier, puis on devait improvisé. Le plus difficile a été de recréer les réglages qu’il avait « proposé » pour la Bataille des Cinq Armées. Ce fut une expérience incroyable ».

« On avait un jeu avec l’équipe. Le 2ème jeudi du mois, on échangeait nos jobs. On tirait au sort dans un chapeau les noms des uns et des autres, et on devait adopter l’emploi du temps d’un autre pendant une semaine. C’est Georges, l’assistant sandwich banane-moutarde, qui s’est chargé du rendu numérique du ciel dans la trilogie. On a tellement rit, on était tous derrière lui à le voir galérer devant son écran. En même temps on lui faisait confiance, il roulait sa bosse sur Movie Maker, on n’était pas inconscient non plus. M’enfin, le résultat était horrible, surtout qu’il n’y avait même pas de cycle jour-nuit. Il avait bossé tellement dur pour au final offrir le même ciel affreux tout le long du film. Le problème c’est qu’on a eu quelques soucis de timing et on a pas pu corriger tout ça. Mais on a bien ri. »

« Pour l’histoire de Tauriel on s’est inspiré de Lola, la fille de Victoria, l’assistante éclairage fond vert. Du haut de ses 14 ans, elle venait de temps en temps lors de nos réunions ou sur le plateau. Un jour on a entendu des voix s’élever sur le plateau. C’était Peter et Lola. Lola remettait en cause la relation de Peter et de Michel, et Peter avait hurlé en pleur « Tu n’y connais rien à l’amour, t’as pas d’amour en toi d’abord ». Et quelques jours après qu’on ait dit à Peter de cacher sa relation avec Michel, il était reparti dans les bras de Lola en pleurant « C’est ça l’amour ? Béh ça pique en fait », et, solennelle, elle avait répondu « grave ». On était subjugué, ça nous a fait changer le script. Peter n’a jamais fait le rapprochement. »

« Ah ouais y a une anecdote que j’aime bien. Evangeline était venue voir Peter, en nous interrompant dans une réunion. Elle disait que Tauriel n’avait pas de réelle envergure, qu’on ne la voyait que pleurer et attirer des ennuis, sans pour autant apporter de réels enjeux. Et Peter avait répondu « ta gueule femme, va nous faire des sandwichs » On a tellement ri ce jour là, en plus on a eu des sandwichs. »

« Oui des stagiaires on en a eu. Mais des cons hein. L’autre trouduc, je me rappelle pas son nom, il arrive devant Peter et dit « Mais monsieur, le film s’intitule quand même Le Hobbit, ne faudrait-il pas le mettre plus en avant, l’impliquer davantage ? » « Ta gueule, rajoute-moi des trolls. Ca s’appelle pas la Bataille des Cinq Armées pour qu’on s’fasse chier la nouille». En une phrase Peter avait résumé sa plus belle œuvre et en avait profité pour clouer le bec à ce petit con. »

« On hésitait entre : « Legolas, va m’acheter des clopes et du rhum » et « Va à la recherche de Grand-Pas, on dit qu’il a un destin swag » Dans tous les cas c’était random, c’est l’essence même de la production de cette trilogie. Quelques fois on plaçait différentes répliques dans un chapeau et une main innocente désignait l’avancée des dialogues. On pouvait se retrouver en position de malaise face à certaines situations, même la prestation d’un grand Ian McKellen ne peut rattraper des dialogues de très mauvaise qualité. Heureusement, Peter veillait sur nous, il sait être présent pour son équipe et montrer avec passion ses intentions. Lorsque l’équipe évoquait ses craintes ou ses doutes, Peter répondait simplement : « Vos gueules, rajoutez des trolls ». Sûrement ma plus belle expérience. »

« Je me rappelle être aller boire un coup avec Peter et deux autres membres de l’équipe de post-prod. On travaillait comme des fous, on n’arrêtait jamais, alors quand Peter nous a proposé une pause, après avoir travaillé 68 jours non-stop, on a immédiatement accepté. On s’était arrêté dans une sorte de pub un peu pourri, de toute façon je ne me rappelle plus exactement du visu, la lumière du soleil m’avait détruit la rétine. Et là, un jeune homme vient à notre rencontre, s’adresse à Peter avec colère et dégoût : « Tu l’as ruiné. Tu avais réussi l’impossible avec le Seigneur des Anneaux, créer quelque chose de magique et d’intemporel. Tu avais réussi l’exploit insensé de réaliser de l’Heroic Fantasy de qualité. Et tout ça pour quoi ? Pour nous infliger la pire purge numérisée de tous les temps par la suite ! Je te hais. Beaucoup.» Puis il était parti comme il était arrivé, en colère. Avec les autres on ne savait pas quoi dire. Peter avait senti le malaise et avait chuchoté : « Tout se passe comme prévu. Ca valait le coup. Plus le Hobbit est laid et inconsistant, plus les fans et autres amateurs de ciné se rabattront sur le SDA, et plus les revenus augmenteront. Et dans quelques années on aura affaire à des cons qui découvriront les deux trilogies, qu’on leur proposera dans des coffrets collector indissociables à 200€, et pour le vendre auprès des vieux de la vieille, on ajoutera des bonus exclusifs sur le SDA. Mais avant toute chose, faut rendre le Hobbit plus moche que moche ». Et on était reparti bosser, sans même avoir fini notre verre. »

« On a commencé à faire le rapprochement avec Thorin lorsque Peter à fermer toutes les issues du studio. De sa bouche ne sortait que les mots « Michel » et « bénéfice ». On a commencé à flipper un peu. »

« Oui l’expérience a été très bonne, l’ambiance était bon enfant. Ce que j’ai préféré ? Les divers petits jeux qu’on a créé pour nous aider à réaliser le film. Celui qui va me laisser un souvenir impérissable, c’est cette sorte de chamboule-tout maison. On plaçait des numéros de séquences dans des conserves, on les plaçait à quelques mètres de nous et on lançait des livres du Hobbit de Tolkien dessus. C’était ludique et ça nous permettait de connaitre les séquences qu’on gardait, celles qu’on abandonnait. Pour celles désignées à intégrer les versions longues, on choisissait les boîtes tombées sur la tranche. Le problème c’est qu’au niveau du rendu, on se retrouve avec des séquences inutiles et d’autres qui manquent. M’enfin on a bien ri quand même »

« Les vues aériennes sont peu nombreuses. Pas pour une question de budget, mais par flemme. »

« On a eu des retours très mauvais voire virulents. Les spectateurs se sont étonné qu’un film s’intitulant La Bataille des Cinq Armées, comportait beaucoup de scènes de batailles, mais surtout des scènes hideuses, sans intensité. Ils ont parlé de gâchis, de remplissage. Certains se sont plaints que le plus gros de la bataille était éclipsé par des duels Thorin-Azog, Tauriel/Kili- Bolg, Legolas-Cailloux volants… A cela, Peter a répondu « Vos gueules, y a des trolls ». Et là-dessus, je suis d’accord avec lui »

« Pour le personnage d’Alfrid, on s’est inspiré de Lola, la fille de Victoria, l’assistante éclairage fond vert »

« Ah bon ? Y a un livre Bilbon le Hobbit ? »