[SPOILER] Un bon divertissement, une mauvaise interprétation.
Après le premier opus du Hobbit, intitulé "Un voyage inattendu" et de bonne qualité quant à la réalisation et à la fidélité par rapport à l'oeuvre, voici que s'achève un autre des contes épiques dont seul Tolkien avait le secret.
Bizarrement, le troisième volet, "La Bataille des cinq armées" dure moins longtemps que ses prédécesseurs. Pour une bataille sensée être épique (si l'on en croit le cliffhanger du deuxième volet), le film ne dure "que" 2h25.
Le titre, pourtant épique lui aussi, suggère une bataille immense et splendide tant dans la narration que dans la technique. Et pourtant, l'action mal dosée et parfois d'une lassitude mortelle, la cohérence du scénario sont quelques unes des grandes inconnues de cette oeuvre. Le réalisateur possède pourtant de bonnes pistes à exploiter pour en faire une oeuvre intéressante : la psychologie de Thorin, devenu misanthrope, paranoïaque et cupide, le combat épique entre le dragon et l'archer, la bataille dans son ensemble, le rôle de Beorn... À vouloir trop en faire, Peter Jackson a finit par s'emmêler les armées, qui s'affrontent par ailleurs durant une bonne vingtaine de minutes tout au plus. Pas mal quand on connait le titre du film...
Cependant, les prestations de certains acteurs s'améliorent au fil des épisodes. Luke Evans (alias Bard), nous sort son meilleur rôle du moment (à côté de cela, Dracula Untold semble être un film de série B), Alfrid, le conseiller pourri du Maître de Lacville, pousse la caricature au point de le rendre comique. Cependant, là encore, son jeu surjoué peut être parfois lassant. Cependant, chapeau bas à Martin Freeman, qui s'améliore toujours et nous sort une prestation de grande qualité. Lee Pace n'est pas à oublier, tant il se fond parfaitement dans la peau de son personnage !
Une mention est à donner également aux costumes et aux décors, toujours aussi beaux et fidèles aux oeuvres de John !
Parlons maintenant de l'interprétation.
Certes, il est impossible de faire tenir l'ensemble d'une oeuvre dans un seul film, mais les contradictions, les erreurs et les anachronismes sont plus que surreprésentés. Là encore, le choix original de Peter Jackson de mêler deux histoires (le Hobbit et la chute de Sauron le Nécromancien) en une seule aurait pu bien fonctionner.
Mais on se retrouve avec un Conseil Blanc (comprenez la haute institution des Gens Libres) réduit à cinq personnages au lieu d'une dizaine, un combat entre eux et le Seigneur des Anneaux dans lequel je cherche encore un soupçon de moment épique, une elfe qui drague littéralement un nain (Tolkien doit se retourner dans sa tombe le pauvre), un général qui chevauche... UN PORC! Oui, vous avez bien lu, il chevauche un porc, dans le style cochon noir de Chine! (Avec une telle monture, le champs d'honneur se transforme en champs d'horreurs visuels).
Parlons des fameuses "cinq armées". Dans le livre, elles regroupent les Elfes, les Nains et les Hommes contre les Orques/Gobelins et les Wargs (sorte de loups géants pas très futés). On voit effectivement quatre de ces races, mais il semble que la chasse a été trop bonne cette année tant par l'absence des gobelins (qui ne sont présentés que comme des mercenaires) et des loups. De plus, nous avons pu découvrir Beorn dans le deuxième opus. Alors bien présenté, ce dernier est sensé mener un carnage monstre dans le conflit. Or, dans le film, sa seule action sera de sauter d'un aigle en plein vol... EPIC...FAIL !
De même, la mort de certains personnages ne m'a fait absolument rien. Au pire, j'en ai même rigolé. Car, quand on vous poignarde et que vous glissez sous la glace, la probabilité que vous ressortiez en cassant cette dernière en mode hardcore est tout simplement infinitésimale.
Au final, Peter Jackson nous avait habitué à des réalisations de meilleures qualités avec la trilogie du Seigneur des Anneaux et le premier volet, "Un voyage Inattendu". Mais, là où le fan crie au blasphème et jure de brûler vif celui qui était autrefois son idole, le spectateur non-fan des oeuvres pourra se divertir, tout en se posant quand même certaines questions l'amenant, peut-être, à découvrir et lire le monde magique de la Terre du Milieu selon son créateur original.