Donner un avis sur ce film est beaucoup plus compliqué que son prédécesseur. Le Hobbit : La Désolation de Smaug avait de nouveaux défis. Alors que Le Hobbit : Un Voyage Innatendu avait plutôt bien réussi à reprendre l'esprit de la trilogie du Seigneur des anneaux, tout en gardant la légèreté du conte du roman dont il s'inspire, pour le deuxième volet de cette nouvelle trilogie, c'est une autre histoire.


Ce film est sorti en décembre 2013 et c'est donc 3 ans après que je me prononce avec cette critique. Si à la fin du Hobbit : Un Voyage Innatendu, je considérais ce dernier comme une réussite totale, j'étais un peu moins catégorique à la sortie du deuxième volet. Attention, ne vous méprenez pas : j'avais adoré. Mais il y avait quelque chose qui manquait, quelque chose que Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours avait parfaitement réussi à faire.
Car ces deux films partent avec énormément de points communs : la présentation des personnages n'était plus à faire, on les avait déjà tous rencontrés dans les films précédents, leurs objectifs sont clairs, on sait d'où ils viennent et où ils doivent aller (c'était encore plus compliqué dans le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours, puisqu'on suit trois groupes de personnages) et l'univers est connu du public (ce point reste à nuancer dans Le Hobbit). Et le plus gros point commun de tous : aucun des deux films ne sont ni le début de l'histoire, ni la fin. Et du coup, comment s'en sort Bilbon et sa joyeuse troupe dans ce nouvel épisode de la trilogie ?


Et bien, plutôt mal, et cela à cause d'un gros problème de ton. On constate sans problème une volonté d'être beaucoup plus sombre que son prédécesseur. Alors que dans le premier film, nos héros sont confrontés à des trolls qui ne savent pas comment les cuire ou des gobelins sous les ordres d'un roi qui traîne la bedaine au sol, le hobbit et les nains doivent désormais faire face à des orques bien décidés à les tuer, des araignées géantes (mais moins qu'Arachne) par dizaine impatientes d'en faire leur repas, ou un dragon géant (vraiment géant cette fois ci) qui n'hésitera pas à les écraser si l'occasion se présente. Même les couleurs qui sont d'abord claires, réchauffantes, joyeuses, comme dans le premier film, deviennent grises, froides et tristes. Les ténèbres grandissent, le danger est de plus en plus présent, la mort est sur le pas de la porte et on nous le fait comprendre. Comme dans Le Seigneur des anneaux d'ailleurs : les quatre hobbits quittent une Comté lumineuse et amicale pour des contrées bien moins cordiales. Mais à plusieurs reprises dans La Désolation de Smaug, cette ambiance, qui a fait le succès de la première trilogie, est gâchée par des traits d'humour et des relents de contes. Ces éléments fonctionnaient bien dans le premier film, mais ici, ils nous empêchent d'avoir peur pour nos héros à certains moments (Bilbo sauve les nains de la prison elfique, mais reste bloqué. Au lieu de paniquer, ou du moins de vite chercher une solution, il fait l'andouille). Pire encore : ce ton retire tout l'intérêt de certaines scènes (Lorsque Bilbon tue la jeune araignée parce qu'elle était trop proche de l'Anneau, sa violence et sa cupidité viennent être gâchée par une petite blague de sa part, "Mine" ; cette scène aurait pu être une des meilleures du film, dommage). Le ton est donc très mal maîtrisé par moment.


Pour ce qui est d'un autre gros problème, c'est celui de la longueur. La Désolation de Smaug est un film qui traîne énormément. Pour cause : si on veut adapter un film de 300 pages en 3 films de 3 heures, il faut savoir caser deux ou trois trucs. Ici, c'est une histoire autour du retour de Sauron qui ne nous intéresse qu'à moitié, tellement elle est mal traitée, et plus que tout, inutile.


D'ailleurs, c'est un film qui enchaîne de nombreuses inutilités, parfois frustrantes : Legolas n'est là que pour le style, il y a des clins d’œil à la première trilogie qui sont beaucoup trop lourds (Bree, par exemple, ou encore l'image de Gimli), le triangle amoureux. Pourtant, sur ce dernier point, cela aurait pu être intéressant. Dans l'univers de Tolkien, l'amour impossible est récurrent. D'abord avec l'histoire de Beren et Luthien, et ensuite avec Aragorn et Arwen. Ici, l'histoire d'amour entre un nain et une elfe, et entre une elfe d'une "classe sociale" inférieur à celui d'un autre elfe aurait pu apporter beaucoup. Et pourtant, le choix de la narration s'est plutôt penché sur une histoire sans impact.


Alors évidemment, tout n'est pas à jeter dans ce film. Deux scènes sont mémorables : la scène des tonneaux est superbe et la rencontre de Bilbo avec Smaug est tout simplement splendide. Si le film a parfois quelques difficultés au niveau des effets spéciaux (peut être parce que certaines scènes sont trop ambitieuses), le dragon est une beauté de CGI.
Le jeu d'acteur reste parfait et Bilbo n'aurait jamais pu être mieux joué que par Martin Freeman.


C'est dommage. Le Hobbit : La Désolation de Smaug aurait pu être un chef d'oeuvre. Mais à côté de cela, c'est un film qui n'a pas d'identité, qui n'apporte rien à un univers extraordinaire. Alors que le premier film est une petite surprise (mais une surprise quand même), on ne se rappellera de ce volet que pour Smaug, et des nains dans un tonneau.

JordanMoutamani
5
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le 24 janv. 2017

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