Epique fail

Se résoudre à dire que la Trilogie du Hobbit, à ses deux-tiers, paraît définitivement sans intérêt est un crève-coeur quand on a aimé, que dis-je, vénéré la Trilogie du Seigneur des Anneaux. Pourtant, c'est la triste vérité : Peter Jackson a failli, il a raté son coup dans des proportions qu'il a lui même voulues énormes. Il n'aurait sans doute jamais dû reprendre les rennes qu'il avait eu la bonne intuition de laisser à un autre (Guillermo Del Toro), pour la bonne raison qu'il n'a visiblement plus rien à raconter. Tout est dit dès la première scène de cet opus : un flashback inutile, en forme de fan service au rabais : Oh, le Poney Fringant ! Oh, le même caméo de PJ, carotte en bouche, que dans la Communauté de l'Anneau !
Ce manque flagrant d'inspiration, qu'on retrouve tout au long d'un film qui se complaît à reproduire lourdement des scènes emblématique de la trilogie d'origine, est d'autant moins acceptable que Le Hobbit est long, beaucoup trop long. Le style de Jackson, de plus en plus lourd et pompier, devient insupportable car il essaye de faire naître au forceps des émotions alors que son récit a perdu toute vérité, toute spontanéité. Les dialogues ressemblent à leur propre caricature, les acteurs en font des caisses, et la direction artistique étouffe encore un peu plus un film qui croule sous son propre poids. Ne reste plus, au sein de 2h40 indigestes, que quelques scènes d'action techniquement impressionnantes pour maintenir l'intérêt d'un spectateur condamné au calvaire de voir un univers qu'il chérit si maltraité.
Alors pourquoi 4 étoiles tout de même ? D'une, parce que même raté, le film a une ampleur et une ambition qui reste rare et louable. De deux, parce que PJ croit encore en ce qu'il raconte (même s'il est un peu seul), et ne se sent pas obligé, comme c'est la mode, d'affecter son blockbuster d'un décalage cool et méta. Au moins, il assume parfaitement son premier degré. Mais pour lui comme pour nous, que de temps de perdu !