Money, money, money.

Pour être allée voir The Hobbit quatre fois, à la fois en 48 et 24 images par secondes, en 3D, sans 3D, en VO, en VF, je pense avoir de quoi dire.
Pour commencer par la technique (vous m'excuserez, mais c'est nécessaire), je dirais que j'étais été vraiment surprise de l'effet HFR, qui semble donner beaucoup plus d'amplitude et d'expression. Si au début de la séance, on a l'impression que le film est passé en accéléré, on s'habitue assez vite, pour au final être plutôt satisfait de la fluidité du film, loin de l'image granulée de LOTR. La HFR donne un nouvelle dimension à l'oeuvre de Jackson, avec peut-être comme seul défaut le fait de révéler davantage la mauvaise qualité des effets spéciaux, qui semble parfois inégale. Si les travellings sont un peu trop nombreux, on reste tout de même ravis de retouver les beaux paysages de la Nouvelle-Zélande, magnifiés par cette qualité d'image supérieure. La VF, quant à elle, est un désastre.

Bon, c'est bien sympa les compliments, mais ça va pas durer longtemps.
Etant une grande fan du travail de Tolkien, mais également de Peter Jackson, j'ai été énormément déçue de cette adaptation. Dans la lignée de LOTR, et dans le but de faire de l'argent, Jackson a oublié que Bilbo le hobbit était à l'origine un conte pour enfant. Et même si Martin Freeman a une bonne bouille, faut bien l'avouer, ça ne suffit pas à nous le faire oublier. Si LOTR est sombre et ponctué de batailles à rallonges, The Hobbit n'est rien d'autre que l'histoire d'un semi-homme casanier qui va découvrir l'aventure en cherchant un trésor. Le scénario est donc bien destiné à la jeunesse. Comment en faire un film hollywoodien, alors ? Et bien Jackson semble avoir trouvé.
1) D'abord, on rajoute des personnages qui n'ont rien à faire là, histoire de faire du drama. Azog le profanateur, dont l'apparition a failli me tuer, n'aurait jamais du avoir sa place dans ce film. Déjà, parce que c'est anachronique, mais également parce qu'on n'a droit à aucun répit (hein ?) Suis-je donc la seule à penser que tout allait trop vite, et que les dialogues manquaient ? A peine Bilbo est-il parti qu'il se fait déjà attaquer, à peine a t-il échappé aux trolls qu'ils se fait poursuivre par les orcs, à peine sort-il de chez «sa majesté roi des Gobelins, atrocité cinématographique» qu'il se bat contre Azog. Trop de bataille, tue la bataille. La présence d'Azog ne fait qu'amplifier cette impression.
2) Ensuite, on fait oublier le Seigneur des Anneaux. Où sont donc passées les jolies phrases à dimension philosophique de Gandalf, qui nous font toujours réfléchir ? Jackson t-il voulu éviter les dialogues utiles et sensés, histoire que les abrutis ne soient pas déboussolés ? Quoiqu'il ait pu penser, Tolkien n'est pas pour tout le monde, et il ne peut pas plaire au grand public tout en gardant ses fans de la première heure. Mais quand on parle d'argent...
3) Ne pas oublier de trouver des acteurs qui vendent du sexe ! Si dans LOTR, on avait droit à la belle Liv Tyler, on n'est pas gâtés dans The Hobbit. Ah oui ? Jackson a eu la mauvaise idée, très mauvaise idée, cependant, d'aller chercher Evangeline Lily et de lui créer un rôle. De même, pourquoi Dieu avons nous droit à un Kili à la beau-gosse de Twilight ? Pareil pour Fili. Depuis quand un nain est-il beau ? (No offense). Et pourquoi les femmes nains n'ont-elles pas de barbes au début du film ? (Un détail me direz-vous, mais qui a de l'importance).
4) Et puis enfin, je me pose une question : pourquoi une trilogie ? Comment faire trois films en s'appuyant sur 300 pages ? Du moins, sans ajouter des personnages inutiles, et dont le rôle est ridicule, histoire de combler les trous. A quand Yavanna en couple avec Bilbo et Melkor qui boit un thé chez Smaug ?

Pour finir sur une note positive, parlons un peu des acteurs. Moi qui adore les acteurs britanniques, je suis bien sûr ravie de retrouver Martin Freeman, dont les mimiques sont absolument géniales. Son jeu d'acteur est sans faille, si bien qu'on oublie vite la performance d'Elijah Wood qui avait marqué le cinéma hobbit. Aucune déception à ce niveau là, il est à mon sens un parfait Bilbo.
Ian McKellen, Christopher Lee et Cate Blanchett, que l'on a le plaisir de retrouver, sont toujours aussi bons, et la troupe de nains n'est pas désagréables. On attend cependant avec impatience de voir s'éveiller Smaug, et donc d'avoir l'occasion d'évaluer les performances de Benedict Cumberbatch ailleurs que dans Sherlock.

En conclusion, ce film plaira sans aucune doute à ceux qui découvrent l'histoire, mais les fans seront déçus. Bien évidemment (sans vouloir être méchante) The Hobbit reste le meilleur film de 2012, et je conseille à tout le monde de le voir (enlevez tout de même tous les objets dangereux des alentours, ou vous risquez de tuer quelqu'un tant les fautes sont nombreuses). A faire voir aux enfants, dans l'espoir qu'ils se mettent à lire Tolkien, et qu'ils puissent découvrir une préquelle de LOTR.